La norme mondiale concernant les espaces verts est généralement de 10%. En Algérie, elle n'est que de 1 %, alors qu'en Tunisie elle est de 12%. C'est ce qu'a révélé M. Bouzdid, conseiller au ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire lors d'une table ronde organisée hier par le Centre de presse du journal El Moudjahid. Le thème, qui a réuni plusieurs experts nationaux, a porté sur l'aménagement du territoire et l'urbanisme, dans un contexte marqué par la promulgation au Journal officiel de la loi sur l'orientation de la ville. Le constat est sévèrement établi par les spécialistes présents à la table ronde. Les gens construisent dans les lits d'oued sans aucun souci, alors que des zones industrielles se retrouvent maintenant à l'intérieur de nos villes, dira M. Denouni, représentant de l'union nationale des entrepreneurs algériens. Pour cet entrepreneur dans le bâtiment et travaux publics (BTP), « l'urbanisation a devancé l'aménagement du territoire et un certain nombre d'études sont faites dans la précipitation ». D'où la conclusion établie par cet opérateur : « Il y a beaucoup de ménage à faire dans ce secteur qui est un acte économique et social. » Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des experts architectes (CNEA), a rappelé que la capitale compte plus de 10 000 carcasses et que le plan d'occupation des sols (POS) devrait être consolidé par un plan local d'urbanisme (PLU). A. Mohamed Cherif, PDG du Centre de contrôle technique de la construction (CTC Centre), a suggéré d'instaurer un permis d'ouverture de chantier qui permettra de mieux contrôler le respect de certaines normes parasismiques, tout en appelant à une formation plus spécialisée des ingénieurs activant dans le domaine. Avec tous les textes de loi promulgués jusque-là, le schéma national d'aménagement du territoire (SNAT) aidera à partir de cette année à maîtriser la problématique de l'urbanisation, précisera M. Belkhodja, conseiller au ministère délégué à la Ville. Le professeur Abdelkrim Chelghoum, universitaire chercheur et président du Club des risques majeurs, a considéré que ce ministère devrait beaucoup plus s'impliquer dans la définition des agglomérations, la réglementation des instruments d'urbanisation et l'adéquation des procédures avec les nouveaux changements intervenus dans ce secteur. Cependant, il faut savoir qu'au Japon, 53% des constructions ne sont pas construites selon les normes parasismiques, révélera Mohamed Belazougui, du Centre de génie parasismique (CGS). Pour cet expert, le recensement général de la population et de l'habitat (RGPH), qui sera effectué cette année, devrait inclure dans les canevas des informations qu'il recueillera des données plus détaillées et précises concernant le logement. Enfin, M. Ayadi, directeur de recherches au CRAAG, dira que la sensibilisation autour des risques majeurs est l'affaire de tout le monde et qu'il faut éviter de subir l'amnésie des catastrophes qui se sont produites en Algérie dans un passé récent.