C'était un grand homme. Il avait une passion si «dévorante» pour la gastronomie algérienne qu'il en a fait son métier : chroniqueur et critique culinaire, notamment à Liberté. Il s'appelle Momo. Le chroniqueur gastronomique algérien, notre confrère de Liberté, Momo, est décédé à l'âge de 62 ans, hier matin, à l'hôpital de Kouba (Alger), et ce, des suites d'une longue maladie. De son vrai nom Mohamed Medjahed, il était né le 1er février 1948 à Sidi Bel Abbès. Il vivait à Médéa et était titulaire d'un diplôme de cuisine de l'Ecole hôtelière de Bou Saâda où il a dispensé des cours plus tard. Il avait fait ses premières armes en tant que chroniqueur gastronomique, en 1982, dans les colonnes d'Algérie-Actualité. Momo a officié aussi au sein d'El Watan, Alger Républicain, Le Matin, la revue Tassili et Liberté où il tenait sa fameuse chronique hebdomadaire du mercredi. Et ce, au grand bonheur de ses fidèles lecteurs et autres amateurs de bonne chère. Un fin gourmet qui vulgarisait l'art culinaire algérien, maghrébin et méditerranéen avec pédagogie et raffinement. Il «assaisonnait» cela avec des parallèles sociologiques, anthropologiques et culturels. Momo partageait les recettes de grand-mère, traditionnelles, issues de l'humus, fleurant bon le terroir. Il ne cessait d'exhorter les gens quant aux vertus de l'alimentation bio et aux bons réflexes d'hygiène alimentaire. Momo avait animé, de front, des émissions culinaires à la radio Chaîne III et à la télévision. Mohamed Tahar Messasoudi, ancien rédacteur en chef d'El Watan, se souvient : «En 1996, quelques jours avant le début du Ramadhan, un grand gaillard optimiste et enthousiaste est venu me proposer une page culinaire. C'était Momo. Alors, j'ai décidé de tenter l'expérience. Cela a bien donné et on l'a reprise chaque année. Après, avec la conjoncture et le terrorisme, Momo nous avait quitté. Il habitait Médéa. On est restés très amis. Momo était très attaché au journal. Sa disparition m'a bouleversé. On a perdu un homme de grande valeur. Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille…». Ali Guissem, chef de rubrique à El Watan, témoigne aussi : «Momo a travaillé avec moi durant trois ans. Il avait son ‘grain de sel' qu'il mettait dans les pages d'El Watan. Il proposait des recettes à la portée de tous, qu'on peut réaliser à bon prix. Momo ne quittait jamais le bureau sans faire rire et sourire ses collègues. Il détendait l'atmosphère. C'était un bon vivant ! Que Dieu ait son âme…» Momo était un artiste jusqu'au bout des ongles. La preuve, il peignait, il taquinait les muses, il prenait des photos…Bref, un «chef cuisinier» entré dans… l'art ! Salut l'artiste, chapeau bas !