Momo, de son vrai nom Mohamed Medjahed, l'artiste-peintre de talent, le poète, le professionnel de la radio à la voix sûre, chaleureuse et rassurante, celui dont le coin attendu, chaque jeudi, rehaussait la page 16 du journal, vient de nous quitter brutalement. Un visage familier qui respirait la simplicité de l'homme du terroir et celle de l'homme de grande culture. Celle d'un artiste proposant, chaque semaine, des “saveurs libres" enrichies d'Histoire et d'histoires. Un rendez-vous hebdomadaire avec un français délicieux, imagé, fleurant bon les épices de notre cuisine riche et variée, les produits sains et divers, le raffinement, l'élégance et l'originalité. Cette page reflétait son savoir encyclopédique, le gastronome qui “a fait le tour", l'épicurien “raisonnable", le nutritionniste avéré, le poète qui ajoute un brin de fantaisie, à des recettes concoctées avec amour et conjuguant simplicité, facilité de réalisation et rapidité dans la préparation tout en nous rappelant la recette originelle et sa ou ses mémoires... Il nous invitait à vivre en symbiose avec les saisons à l'instar de nos grands-parents, en consommant sain tout en nous mettant en garde contre un certain bouleversement de nos habitudes alimentaires. Dans ses recettes où il mettait à la fois du sel (peu) et du cœur, de la fraîcheur et de la magie, il a balayé largement l'éventail des plats et habitudes culinaires de l'Algérie entière, en les nommant selon la région, voire l'époque. Momo nous a offert des textes riches de notions d'anthropologie, de sociologie, de diététique... et d'un savoir ancestral intéressant. Il nous a offert un véritable travail documentaire, d'orfèvre où l'artiste, soucieux de notre santé, nous a concocté de précieuses recettes, souvent inédites, celles de son pur crû, de saveurs libres. Il laissera un coin immensément vide qui nous laisse déjà sur notre faim. Il ne sera pas au rendez-vous de Ras el-Aam, celui de Yennayer. Repose en paix, Momo ! F S