Elle se situe en bord de mer, à 34 km à l'ouest de Tipaza. Cette décharge publique réceptionne quotidiennement au moins 100 t d'ordures ménagères. Elle avait fait l'objet durant les années 1990 de plusieurs visites officielles, y compris celle de l'ex-secrétaire d'Etat à l'Environnement. Son transfert avait été évoqué à maintes reprises. Les autorités locales ne semblent pas animés de la volonté de libérer cette portion du littoral de la partie ouest de la wilaya de Tipaza de cette pollution. Il fait beau. Les monticules et les collines d'ordures nous empêchent de nous diriger directement vers la mer. Dès son installation, l'autorité de wilaya avait pris une mesure à titre provisoire avant de trouver une solution définitive. Le wali avait instruit les autorités locales de construire une clôture autour de cette décharge d'abord et ensuite de déplacer vers ce lieu trois cabines sahariennes abandonnées, après avoir été utilisées par les familles sinistrées de la commune de Sidi Ghilès. Le décor est devenu moins agressif pour ceux qui empruntent la RN11. Des groupes de jeunes, sales et mal coiffés, ont investi la décharge publique de Sidi Ghilès. A notre arrivée, une camionnette venait de quitter les lieux, chargée des produits en plastique. Le prix au kilogramme varie selon la qualité de la matière, entre 5 et 10 DA. « Nous essayons de gagner notre vie », nous déclare un jeune de 19 ans accompagné par son camarade, un lycéen en vacances. Les jeunes se plaignent. « Il n'y a pas assez d'ordures, disent-ils, surtout les matières qui intéressent les acheteurs pour la transformation ». Un autre jeune nous interpelle pour nous informer qu'il vit dans cette décharge publique depuis 30 ans. Les chiens errants semblent très occupés au milieu des trous réalisés dans les blocs d'ordures. Quelques batteries et des morceaux de ferraille sont stockés à côté d'une cabine saharienne, dans l'attente d'un acheteur. « J'avais constitué un lot important en papier pour le vendre à quelqu'un qui est venu me solliciter », nous dira le « doyen ». « Hélas après avoir attendu des mois, j'avais brûlé les cartons parce qu'ils prenaient beaucoup de place, et le type n'a plus donné signe de vie, pourtant on m'avait dit que Tonic de Bou Ismaïl faisait de la transformation », conclut-il. Quelques oiseaux effectuaient un va-et-vient entre la mer et les tas d'ordures. Des odeurs nauséabondes se dégageaient et les mouches avaient envahi cet espace devenu infecte et polluant. Néanmoins, la décharge publique de Cabrera implantée dans une partie de la bande côtière algérienne fait nourrir des familles. Les autorités communales n'ont pas encore affecté un engin pour pousser ces amas d'ordures vers la mer comme à l'accoutumée. « Il n'y a pas assez de place maintenant, nous confie un jeune, cette fois-ci le ‘'case'' a mis du temps. Il faut qu'il arrive pour jeter les ordures vers le bas, et la mer à son tour les prendra en charge. Comme ça, il y aura de l'espace pour les camions lorsqu'ils viendront décharger », conclut-il avec un petit sourire. La présence d'un journaliste dans leur territoire les a mis mal à l'aise. Nos jeunes interlocuteurs se sont exprimés avec retenue. L'essentiel pour eux, c'est la production des ordures pour qu'ils puissent effectuer le tri et écouler par la suite « leurs marchandises » afin de subvenir aux besoins de leur famille. Quant à l'hôpital de Sidi Ghilès, il est situé à l'ouest, à quelques encablures de la décharge publique. Cette infrastructure du secteur de la santé est incommodée par la pollution produite à partir de cette décharge, qui a survécu à tous les événements depuis plusieurs décennies.