La Chambre basse du Parlement a vite expédié, cette semaine, l'examen de la loi sur le règlement budgétaire, celle qui permet de vérifier les dépenses autorisées annuellement par la loi de finances. Un débat sommaire des députés, des questions «aériennes» et des réponses à la petite cuillère du ministre des Finances. Et puis c'est tout. L'APN, qui n'exerce pratiquement aucun contrôle sur les dépenses publiques, veut sauver la face. Et le gouvernement, déjà largement mis à l'index par les organisations internationales de lutte contre la corruption, met les formes pour respecter une disposition constitutionnelle, plusieurs fois violée ces dernières années. Neuf ministres, selon l'opposition, n'ont pas répondu à la convocation de la commission des finances de l'APN pour «s'expliquer» sur les remarques faites par la Cour des comptes dans son rapport. Une cour qui revient de loin ! L'APN, qui est censée contrôler l'action de l'Exécutif, n'a pas la puissance de faire ramener les ministres à l'hémicycle. Les ministres ont-ils des choses à cacher ? On n'en sait rien, mais le doute est installé. L'APN n'a, par exemple, jamais demandé à un représentant du ministère de la Défense de venir expliquer la politique budgétaire de ce département sensible. Dans la loi de finances pour 2013, le ministère de la Défense prend, encore une fois, la part du lion avec plus de 20% du budget de l'Etat. Le ministère de l'Intérieur a une affectation de 12%. Cela fait donc un tiers du budget de l'Etat : 1390 milliards de dinars ! Comment expliquer cette orgie dépensière ? Va-t-on mener une guerre ? L'APN n'a pas de réponse. Il y a comme de la boue dans la machine. Si l'APN ne peut pas forcer un ministre à l'audition, comment peut-elle contrôler les dépenses du gouvernement ? Khelil Mahi, président de la commission des finances de l'APN, n'a rien senti en mettant ses deux mains dans l'huile chaude. Sinon, comment expliquer cette curieuse déclaration : «Nous n'avons pas suffisamment de temps pour auditionner tout le monde.» Et que faisait l'APN ces derniers mois ? N'était-elle pas en train de dormir depuis l'été 2012 ? Elue dans les conditions étranges que l'on sait, cette Chambre basse s'est même offert des vacances royales. Au même titre que le gouvernement d'ailleurs. L'APN attend donc les derniers jours de l'année pour faire semblant d'étudier la loi du règlement budgétaire, justifier sa faillite par «les considérations» d'agenda. Le président Bouteflika, lui aussi, attend les dernières heures de l'année pour signer la loi de finances. Pourquoi ne le fait-il pas avant ? Le gouvernement promet «d'assainir» (quel mot !) les comptes spéciaux d'affectation. Comment ces comptes étaient-ils gérés ? Et à quoi a servi tout l'argent de ces comptes ? Karim Djoudi, ministre des Finances, qui s'est exprimé devant l'APN, a annoncé «la fermeture» de douze fonds spéciaux. Lesquels ? Et pourquoi ont-ils été supprimés ? Le ministre a justifié cela par «les écritures comptables». Il n'y a pas que de la boue dans la machine…