Jeune cinéaste, Mounes Khammar, a présidé le jury «court métrage» au 6e Festival d'Oran du film arabe (FOFA) qui s'est déroulé du 15 au 22 décembre 2012. El Watan Week-end démêle les univers cinématographiques d'un jeune cinéaste confirmé. -Comment se porte le court métrage algérien ? Il y a une nette évolution. Il y a quinze ans de cela, il était utopique de penser à produire et réaliser un court métrage. Là, nous arrivons à avoir un minimum de financement. Le court métrage peut donc être une production professionnelle. C'est ce qui a valu à l'Algérie une participation et des distinctions à l'étranger. Cela a créé un l'intérêt de la presse pour le court métrage, devenu un véritable un mode d'expression dans le pays (…). Le fait de ne pas avoir une industrie cinématographique bien assise oblige le cinéaste algérien à «penser international» lorsqu'il réalise un film. Autrement dit, faire un film dans les normes facilitant son exportation. Le cinéma algérien a toujours été avant-gardiste depuis sa création. Tout le monde en témoigne. Les jeunes cinéastes s'adaptent aux normes universelles. Leurs produits sont donc très défendables à l'étranger. Ce n'est pas toujours le cas au Moyen-Orient où le marché local est pourtant très développé mais assez fermé. -Les jeunes cinéastes ont tendance à choisir d'abord le court métrage pour débuter leur carrière. Passage obligé ? Economiquement et logistiquement, le court métrage est plus simple à réaliser. C'est un début naturel pour les jeunes. Cependant, court métrage ne veut pas dire nécessairement amateur. Aujourd'hui, même de grands réalisateurs font des courts métrages. Les grands producteurs s'y intéressent également. S'il existe un Oscar du court métrage, cela veut dire que c'est un format professionnel qui existe sous différentes déclinaisons. -Existe-t-il un public pour le court métrage ou faut-il le créer ? Dans le monde entier, le court métrage n'est pas un format commercial. L'homme de la rue ne connaît pas forcément le court métrage, qui est un format pour les professionnels projeté surtout dans les festivals. Il permet aux cinéastes d'avoir une présence créative dans des événements culturels. -Les courts métrages algériens produits ces derniers temps semblent avoir une assez bonne audience… Effectivement, ces dernières années, il y a une qualité qui s'installe. Des jeunes émergent, de nouveaux talents apparaissent. C'est ce qui manquait au cinéma algérien. C'est un cinéma qui a souffert d'un manque de dynamisme ces trente dernières années. Donc, les courts métrages ont permis de révéler des noms qui ont la capacité de relancer le cinéma d'une manière professionnelle. Pour ce qui est du Monde arabe, les thématiques classiques du court métrage sont liées aux causes politiques. Même s'il s'agit de causes nobles, je pense qu'on les a un peu desservies en les abordant en permanence. Certains cinéastes arabes négligent le côté esthétique et artistique qui est la règle N° 1 du septième art. C'est ce côté qui permet «d'humaniser» la région arabe aux yeux du reste du monde. Ce n'est qu'avec cela que les autres seront sensibles à nos causes. Donc, il faut cesser d'aborder des sujets consommés. L'erreur est de négliger également la seconde lecture dans les œuvres cinématographiques. -Etes-vous favorable à la relance du Festival international du court métrage de Taghit, arrêté depuis quelques années après deux éditions ? La reprise du festival de Taghit est nécessaire. Il faut que l'Algérie dispose d'un grand festival du court métrage. De cette manière, nous aurons l'occasion de débattre avec les grands cinéastes de demain qui pourraient venir de partout. Un jeune qui fait un court métrage de qualité peut trois à quatre ans après réaliser un long métrage de la même qualité, sinon meilleure. -Après Le dernier Passage, Mounes Khammar explore-t-il d'autres idées ? J'ai un projet de documentaire long métrage à la faveur du cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Il s'agit de revenir sur la vie d'un martyr de la guerre de Libération nationale de la région de Laghouat. De plus, j'écris depuis une année le scénario d'une fiction long métrage. Ce n'est pas encore prêt. Je travaille également sur le dernier clip de Warda (décédée en mai 2012, ndlr). C'est un clip terminé à 80%. Warda nous a quittés malheureusement juste avant le tournage. Nous sommes en train de chercher une solution pour que la chanteuse soit présente dans le clip d'une autre manière artistique.