A la veille de l'élection pour le renouvellement partiel des membres du Sénat, tous les coups sont permis dans la wilaya de Annaba. Une guerre qui ne dit pas son nom a été entamée au lendemain de l'annonce officielle des résultats des élections locales du 29 novembre. Six partis ont décidé de porter candidat au poste de sénateur un de leurs élus issus des dernières élections locales ; il s'agit du FLN, du RND, du HMS, de l'EN, d'El Karama et du FND. Pour multiplier les chances de placer leur candidat en tête dans ce dernier scrutin de l'année, quelques partis comptent sur le pouvoir de l'argent ; les tractations en coulisses ont alimenté les enchères : la voix d'un élu tourne autour d'un million de dinars. Pour faire face à cette éventualité, le FLN a misé sur la foi de ses élus. Lors d'une réunion tenue hier matin, le désormais ex-sénateur et mouhafed Mohamed Salah Zitouni a obligé ses 85 élus à prêter serment sur le Coran de voter pour le candidat FLN. D'autres partis comptent, à défaut de la popularité de leur postulant, sur leur pouvoir. C'est le cas du FND, dont le seul député de Annaba, Tliba Bahaeddine, se prévaut publiquement de ses relations intimes avec Daho Ould Kablia, le ministre de l'Intérieur. Pour preuve, son candidat aux sénatoriales dispose d'un casier judiciaire comptant pas moins de neuf affaires que la patronne du PT, Louisa Hanoune, s'est plu à exhiber lors de son dernier meeting populaire à Annaba. Et le ministre de l'Intérieur l'a déclaré lors de l'annonce des résultats du dernier scrutin : «Le mandat de tout élu qui a fait l'objet de poursuites judiciaires sera annulé en cas de confirmation des faits retenus contre lui par des décisions définitives.» Le RND, dont la base à Annaba est en voie de disparition, tente, «pour sauver l'honneur», de participer à ces joutes avec un candidat sans envergure. Le parti de l'Entente nationale (EN) mise sur un candidat écarté récemment du FLN pour non-respect des directives de la centrale. Quant au HMS et à El Karama, l'expérience sénatoriale vaut la peine d'être vécue, bien que le résultat soit connu d'avance.