Ardemment réclamée par les uns, fortement redoutée par les autres, la guerre est désormais déclarée au Mali. Après près d'une année de tergiversations politico-diplomatiques pour mettre fin à la crise malienne, l'option militaire a pris le dessus sur le choix politique qui a fatalement perdu du terrain. La France, qui a été à la manœuvre diplomatique depuis que les groupes islamistes armés, dont Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI), Ançar Eddine et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), font régner la terreur au nord du pays, est brusquement entrée en action. Saisissant au vol le «SOS» que lui a lancé le président malien, Dioncounda Traoré, suite à l'offensive dangereuse, vers le Sud, des groupes extrémistes, François Hollande a donné le feu vert à son aviation d'agir, sonnant ainsi le début de la guerre qui s'annonce longue et périlleuse. Paris a mis tout le monde devant le fait accompli. Les acteurs internationaux qui agissent sur le dossier ont promptement donné leur caution. Avant d'intervenir militairement, la France a pris le soin d'informer ses partenaires occidentaux et africains, y compris les autorités algériennes, qui ont officiellement «bataillé» pour faire valoir l'option politique. Quand les armes parlent, les voix politiques se taisent. Les efforts diplomatiques et les multiples négociations politiques entre Maliens sous le patronage de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) semblent définitivement élaguer. La réunion de Ouagadougou qui devait se tenir, avant-hier, est reportée, si tant est qu'elle n'a pas carrément été annulée. Pendant ce temps, le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso – pays médiateur dans le dossier malien –, Djibrill Bassolé, a annoncé que «le dialogue est plus que nécessaire pour mettre en place des institutions stables à Bamako et rechercher l'accalmie au nord du Mali», alors que les troupes maliennes soutenues par l'aviation française s'apprêtaient à entrer en action. Cela signifie clairement «annihiler» les chances fragiles d'une solution négociée pacifiquement. Le président malien, dans son discours à la nation, a indiqué qu'une «guerre est déclarée à la mère patrie et ceux qui la portent n'ont d'autre dessein que de détruire notre nation, notre République. Nous avons exploré laborieusement les voies et moyens susceptibles de parvenir à des compromis dynamiques avec les groupes armés, mais en insistant sur le fait que ces compromis ne pourraient en aucun cas remettre en cause ni l'intégrité territoriale, ni la forme républicaine, ni la laïcité de l'Etat malien. Peine perdue ! Ceux qui occupent les régions de Gao, Tombouctou et Kidal et infligent les pires souffrances aux populations de ces localités sont restés sourds à nos offres de dialogue (…) ». Au regard des évolutions soudaines dans les discours des différents acteurs – les Etats-Unis, l'Union africaine, Romano Prodi (envoyé spécial pour le Mali), l'Algérie –, l'on constate que les «efforts diplomatiques» avaient pour objectif de se donner le temps nécessaire pour préparer la guerre. L'option militaire a été retenue dès l'éclatement de la crise, le 30 mars dernier. Les divergences portaient essentiellement plus sur la forme que sur le fond.