Au quartier névralgique de Bab Dzaïr, d'immenses chantiers ont été lancés depuis près de 25 ans sans être achevés. Autrefois réputée pour ses roses, Blida est aujourd'hui invivable. Elle est devenue synonyme de saleté, d'anarchie et de projets qui piétinent. Cela, sans compter les scandales qui ternissent sa réputation. Dans ce sens, les Blidéens n'arrivent toujours pas à se remettre des anciens mandats de leurs élus. Le chef-lieu de wilaya (commune de Blida) a assisté à un défilé spectaculaire de maires, réduisant en miettes le zeste de confiance qui subsistait entre le citoyen et les élus. En termes d'hygiène, toutes les tentatives de nettoiement et de gestion des déchets dans cette ville se sont soldées par des échecs. L'EPIC Ectomdi (Etablissement communal spécialisé dans le nettoiement), créé à l'initiative du wali de Blida, avait montré ses preuves au début, mais cet EPIC semble actuellement dépassé par la saleté ! La ville, aujourd'hui, est plus sale que jamais. Le commerce informel, considéré comme premier générateur de déchets, est maître des lieux dans toute la ville. A ce jour, aucune mesure d'éradication n'est de mise. Les recommandations du Premier ministre se sont avérées insuffisantes pour mettre un terme à ce fléau. Cela, sans oublier l'état déplorable des routes. A part quelques grands boulevards, les quartiers de la ville sont pleins de crevasses, nids-de-poule et trous béants. Un petit tour aux quartiers mythiques de Bab Dzaïr et Douirette suffit pour s'en apercevoir. En plus, les trottoirs y sont défaits au point où plusieurs Blidéens préfèrent marcher sur la chaussée côte à côte avec les véhicules. Des mégaprojets en berne Au quartier névralgique de Bab Dzaïr, d'immenses chantiers ont été lancés depuis près de 25 ans sans être achevés. Il s'agit des projets du nouveau siège de l'APC de Blida, d'un parking communal, ainsi que l'immense édifice culturel composé de la maison de la culture, d'une bibliothèque et d'un théâtre. Les travaux n'ont pas avancé d'un iota depuis l'an 2000 ! C'est l'année où l'entrepreneur chargé de la réalisation du projet a pris ses jambes à son cou, sans donner signe de vie. Les causes sont toujours mystérieuses, tout comme la situation actuelle de ce dossier. La seule information divulguée lors d'une visite de l'actuel wali du site, c'est que l'étude a été refaite. Un silence religieux pesait à l'annonce des dates de lancement des travaux. Le mutisme des autorités locales quant à ce dossier nourrit les rumeurs. A en croire certains élus, une commission a été installée récemment pour trouver une solution à cette plaie. Dissoute rapidement pour des raisons inconnues, elle n'a rien apporté au projet. Les dessous du projet du nouveau siège de l'APC de Blida sont une vraie énigme. L'édifice en ciment sert, aujourd'hui, de gîte pour les adeptes des boissons alcoolisées et les drogués. Pour ne pas trop exagérer dans la culpabilisation des autorités locales, ces dernières ont tout de même réussi à relancer les travaux du parking communal. D'une capacité de 240 véhicules, il est aujourd'hui achevé à 75%. Ce projet, qui mettra fin au casse-tête du stationnement à Blida, a nécessité une enveloppe de plus de 39 millions de dinars. Sa réception était prévue en juin dernier, mais il semble qu'il est encore une fois rattrapé par les retards. Des enveloppes conséquentes pour des projets à l'arrêt Quant à l'infrastructure culturelle (complexe culturel), elle demeure un problème épineux. Inscrite en 1989, ses initiateurs n'ont pas pensé à la séparation des activités commerciales et culturelles (elle est adossée au centre des affaires El Wouroud). Problème plus ou moins résolu après la délocalisation de trois kiosques situés au dos de l'édifice. Cependant, les études faites puis refaites et les enveloppes conséquentes allouées n'ont pas réussi à faire naître cette structure tant attendue par les Blidéens. Au tout début, le dossier a été confié à la DLEP avec un budget de réalisation de 206 millions de dinars. Il comportait une bibliothèque de cinq étages, un théâtre, une maison de la culture et un petit espace d'exposition. Après plusieurs années d'inertie, la direction de la culture a repris son bien et a tenté de relancer le chantier, en vain. Sur ordre du wali, Mohamed Ouchen, c'est la direction de l'urbanisme et de la construction, chapeautée par Regad Ahmed, qui est chargée aujourd'hui de son achèvement. Seulement, l'actuel directeur de la culture de la wilaya de Blida, Ahmed Ayach, déclare que le projet ne répond pas aux normes. «Nous comptons transformer la bibliothèque en deux instituts : un pour les beaux-arts et le deuxième va être un conservatoire régional», explique-t-il. «Le théâtre sera une salle polyvalente et le musée ne sera qu'une salle d'exposition. En attendant tout cela, nous sommes en train de chercher un terrain pour une bibliothèque et un théâtre régional», ajoute-t-il. Résultat : pas de maison de la culture à Blida. Ceux qui en rêvaient peuvent toujours continuer à vivre dans leur rêve. «Actuellement, nous allons le terminer tel qu'il est. C'est-à-dire que nous allons réaliser le projet initial, affirme le directeur de l'urbanisme et de la construction à la wilaya de Blida. Toute éventuelle modification ne sera envisageable qu'une fois le projet terminé.» La bagatelle de 818 millions de dinars est nécessaire pour rendre exploitables le musée, le théâtre et la bibliothèque accompagnés des différents VRD. Le lancement des travaux de parachèvement seront lancés dans les quelques semaines à venir. Entre-temps, l'environnement entourant ces projets en berne laisse à désirer. Les lieux sont devenus des dépotoirs d'ordures et de gravats. A défaut de vespasiennes, ils ont été transformés par les passants en urinoirs. Des odeurs nauséabondes s'y dégagent à longueur de journée. A voir la situation actuelle, «El Ourida», l'autre appellation donnée à Blida, aura besoin d'un électrochoc pour retrouver la vie. Les autorités locales n'ont qu'à se retrousser les manches et prendre le taureau par les cornes. A bon entendeur !