En dépit de ses riches potentialités touristiques et sa proximité de la voie ferrée et de la RN-5, la commune d'Ammal, dans la wilaya de Boumerdès, garde toujours sa réputation qui la classe comme l'une des contrées les plus déshéritées du centre du pays. Située à 25 km au sud du chef-lieu de wilaya, cette localité, aux sites touristiques féériques, se débat dans des problèmes d'un autre âge. Ses 8.000 habitants, disséminés sur une vingtaine de villages, y vivotent suivant leurs maigres moyens. Le chef-lieu communal offre d'ailleurs une image d'une bourgade désertée par les siens. Les quelques infrastructures qu'elle renferme, réalisées par l'Etat, ne sont pas d'un grand secours pour la population. Mis à part le siège de l'APC, tout fonctionne au ralenti. Même le gaz naturel n'y est pas. La maison de jeunes est occupée par 2 familles depuis 3 ans, au grand dam de la frange juvénile qui ne dispose d'aucun autre lieu où elle pourrait développer ses talents ou pratiquer ses sports favoris. La bibliothèque communale, achevée en 2011, n'est pas opérationnelle à cause de l'absence d'équipements de bureau et d'un fond documentaire. Elle avait abrité plusieurs meetings lors de la précédente campagne électorale, avant de voir ses portes se fermer de nouveau, déplorent des habitants du chef-lieu. Dans cette localité rurale, les habitants n'ont plus droit aux soins sitôt 16 heures passées, alors que la nouvelle carte sanitaire de la polyclinique de la ville prévoit d'assurer le service 24h/24 et 7j/7. Outre cela, la structure en question n'est pas encore dotée d'un service de radiologie, ni d'un laboratoire d'analyses médicales, ni de maternité. Pourtant, Ammal, une localité coincée entre des montagnes d'une beauté inouïe, couvertes par une forêt des plus denses et traversées par l'oued Isser avec ses belles falaises, a tous les atouts qui pourraient lui permettre de devenir une destination touristique incontournable. «Cela fait des années qu'on parle de l'aménagement de la source de Thellath pour y réaliser une station thermale. En vain !», déplore un quadragénaire, inquiet par le chômage qui lamine les jeunes. Des villages désertés La commune a bénéficié de 90 locaux, mais le gros a été construit dans des endroits isolés, ce qui dissuade les chômeurs ayant obtenu des crédits bancaires dans le cadre des dispositifs de microcrédits à y investir. «Pour l'instant, on a attribué une quarantaine de locaux, mais la plupart des bénéficiaires n'ont pas entamé leurs activités», dira notre interlocuteur. Celui-ci précise que même les carrières de Timizart, Tigrine (marbre vert) et Tijijga, qui faisaient vivre de nombreuses familles à l'époque, sont à l'arrêt. Les habitants apostrophés se plaignent aussi de la crise de logement. Ils font remarquer que leur commune n'en a bénéficié que d'une centaine d'appartements depuis l'indépendance, dont 20 tardent encore à être attribués depuis 5 ans. «L'Etat nous a oubliés. Moi-même, en 5 ans, je pourrais en construire plus», tonne Mohamed Kara Ali, un étudiant à l'université de Boumerdès. Même le programme d'aide à l'habitat rural n'a pas permis de résoudre le problème. On a appris que sur les 972 bénéficiaires de l'aide, 380 n'ont pas encore lancé les travaux de construction de leurs nouvelles bâtisses. Dans ce programme, 405 constructions sont achevées et 200 environ sont en cours. De nombreux citoyens ayant quitté leurs villages durant la décennie noire suite à la menace terroriste, ont formulé des dossiers pour en bénéficier. Mais la plupart d'entre eux ne sont pas allés jusqu'au bout de leur démarche à cause des lourdeurs administratives et de l'absence de commodités leur permettant de mener une vie décente. Il faut dire que le terrorisme a fait des ravages dans cette commune, connue pour ses gorges qui longent la RN5, sites traversés par des milliers de passagers journellement. Sa population a baissé de 12 000 à 8000 habitants durant ces deux dernières décennies. Pas moins de cinq villages, à l'instar de Tellath, Djerrah, Aït Oulemou, Aït Bousmaïl, Aït Dahmane, etc., ont été désertés complètement par les leurs en raison de l'insécurité et de la misère. Chose qui a été suivie par la fermeture de 4 écoles primaires et d'autres infrastructures, telles que le foyer de jeunes de Bousalah et la salle de soins d'Ouled Bensalah, abandonnés depuis plusieurs années. Certains villageois soulignent que l'exode ne s'y est toujours pas arrêté, reprochant aux pouvoirs publics de n'avoir pas entrepris grand-chose pour les inciter à rester au niveau des terres de leurs aïeux.