Pendant qu'Israël pilonnait les territoires palestiniens, sans que cela suscite la moindre réaction, les Etats-Unis et l'Europe des 25 décidaient d'accentuer leurs pressions en décidant de suspendre leur aide financière. La sanction est ainsi tombée, même si cela va affecter des millions de personnes. Une punition collective avait déjà averti les Palestiniens coupables d'avoir accordé leurs voix au mouvement Hamas. Alors question de démocratie, c'est véritablement à la carte, même l'indignation est sélective puisqu'il y a eu encore mort d'hommes hier dans les territoires occupés. Tués par l'aviation israélienne. Unis face à ce qui constitue une agression en règle, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et son Premier ministre Ismaïl Haniyeh ont appelé vendredi au respect du « choix démocratique » des Palestiniens. « Il ne faut pas punir le peuple palestinien pour son choix démocratique », a affirmé M. Abbas lors d'une conférence de presse à Ghaza après une rencontre avec M. Haniyeh. En coupant les aides aux Palestiniens, « ils punissent tout le peuple, ses ouvriers, ses familles », a-t-il ajouté. « Ces décisions sont précipitées et injustes. Elles portent préjudice au peuple palestinien et constituent une punition contre lui pour ses choix (électoraux) », a dit M. Haniyeh. Selon lui, les Américains et les Européens « violent les règles du jeu démocratique et tentent d'entraver l'action du gouvernement ». L'Union européenne et les Etats-Unis ont annoncé vendredi la suspension du versement des aides directes au gouvernement du Hamas, qu'ils considèrent, selon leurs propres critères, comme une organisation terroriste. Ils avaient conditionné la poursuite de ces aides au renoncement du mouvement à la violence, la reconnaissance du droit à l'existence d'Israël et les accords signés avec lui. Et pourtant, ces accords ont été tués par Israël. Le Hamas s'est pour l'heure refusé à se plier à ces conditions. M. Haniyeh a répondu qu'il n'y avait « rien de nouveau dans la position politique du gouvernement ». Les Etats-Unis, qui avaient déjà gelé leurs versements aux Palestiniens dès janvier, mais n'avaient pas annoncé de décision formelle sur cette question, ont annoncé s'être prononcés pour la suspension de l'aide après des consultations avec l'UE. Dans un communiqué, la chef de la diplomatie américaine Condoleezza Rice a affirmé : « Le nouveau gouvernement palestinien doit assumer la responsabilité des conséquences de sa politique. » Elle a souligné que l'aide américaine pouvait reprendre à tout moment si celui-ci acceptait les conditions du Quartette pour le Proche-Orient (ONU, Etats-Unis, Russie, UE). « Ces conditions ne sont ni raisonnables ni réalistes », a indiqué le porte-parole du gouvernement palestinien Ghazi Hamad, affirmant que le Hamas ne se plierait pas face au « chantage ». « Ils demandent au Hamas et au gouvernement de reconnaître Israël mais ils ne demandent jamais à Israël de reconnaître les droits des Palestiniens », a-t-il estimé. M. Haniyeh a affirmé qu'il allait dépêcher plusieurs ministres à l'étranger pour tenter d'obtenir des aides « afin de répondre aux besoins financiers », notamment pour payer les fonctionnaires. L'Autorité palestinienne emploie quelque 140 000 fonctionnaires et membres des services de sécurité qui représentent une masse salariale mensuelle de 118 millions de dollars. Les salaires de mars, qui permettent de supporter quelque 23% de la population palestinienne, n'ont pas été encore payés. Ce qui accroît d'autant l'amertume des Palestiniens et encore plus leur désespoir face à ce qu'ils considèrent comme une vaste conspiration.