Le ministère israélien de la Défense a réitéré hier qu'Israël empêcherait tout bateau humanitaire d'entrer dans les eaux de Ghaza. Les Européens ont bien «condamné», mais du bout des lèvres, un raid israélien meurtrier qu'absolument rien ne peut justifier contre des civils et des humanitaires dont le crime est d'avoir tenté d'apporter du secours à des Palestiniens assiégés par l'entité sioniste depuis trois longues années. Les Etats-Unis ont dû faire toute une gymnastique tant pour ne pas avoir à condamner le crime d'Israël que pour minimiser la tragédie d'une opération voulue et organisée par l'Etat hébreu. L'assaut des commandos israéliens et l'abordage de la Flottille de la liberté, eurent lieu avant l'aube, au petit matin, dans les eaux internationales, espace libre où Israël n'avait aucun droit de contrôle sur les mouvements des paquebots qui y circulent. En langage courant, Israël a commis, en mer Méditerranée, un acte de piratage. Mais en fait, un Etat étant derrière ce sanglant forfait, l'abordage des bateaux de la Flottille de la liberté dépasse de très loin le simple acte de piratage et doit être assimilé à un acte de guerre, en temps de paix, tel que consigné dans les conventions internationales. Un acte de guerre car l'opération héliportée de commandos de la marine israélienne, appuyés de zodiacs avec des soldats lourdement armés, cela en pleine nuit, ne peut dans tous les cas de figure passer pour une simple opération de contrôle, mais bien comme étant un acte de guerre délibéré qui se voulait intimidant. Avec cette propension d'Israël à considérer tous ceux qui ne valident pas son irrédentisme comme des «terroristes». La flottille de paix embarquait près de 700 personnes d'une quarantaine de nationalités alors que les bateaux qui ont pris le départ de ports européens ont été dûment contrôlés par les polices des pays de leurs ports d'attache. Rien que de ce point de vue, l'assaut donné par les commandos israéliens n'a aucune légitimité mais met en porte-à-faux les pays d'origine des passagers et criminalise ces derniers au seul motif qu'ils voulaient porter aide à des populations palestiniennes asphyxiées et privées de tout depuis 2007. Autant l'Etat hébreu est inhumain avec les Palestiniens de la bande de Ghaza et de Cisjordanie occupée qui plient sous le joug, autant il s'est montré d'une barbarie sans exemple en donnant assaut à la flottille de paix internationale. On ne cesse de nous seriner qu'Israël a le droit de se défendre. Sans doute! Mais encore faudrait-il que cela se fasse à l'intérieur de frontières internationalement reconnues. Or, ce n'est pas le cas et Israël est le seul pays, membre de l'ONU de surcroît, dont les limites territoriales sont floues et restent inconnues, l'Etat hébreu empiétant sur les territoires palestiniens, le Golan syrien et la Ferme de Chabaâ (Liban) occupés. Plus soucieuse de la sécurité d'Israël - qu'en vérité ne menace que la prétention de l'Etat hébreu à vouloir strictement contrôler son environnement arabe - que de l'instauration d'une véritable paix régionale, la communauté internationale (du moins les pays occidentaux prétendant parler en son nom) n'a rien fait au cours des dernières décennies pour amener Israël à tout simplement appliquer les résolutions du Conseil de sécurité, notamment les résolutions 242 et 338 (respectivement de 1967 et de 1973). Cela aurait non seulement contribué à garantir la sécurité de l'Etat hébreu, mais aurait surtout épargné beaucoup de vies humaines. Cette «communauté» dite internationale ne l'a malheureusement pas fait, laissant au seul bon vouloir d'Israël la latitude de décider du sort de millions de Palestiniens. Israël a toujours refusé la paix faisant, entre autres, avorter toutes les tentatives et initiatives, - singulièrement les Accords de paix d'Oslo - et obstacle à toute solution négociée - par la judaïsation de Jérusalem-Est occupée et la colonisation de plus en plus poussée de la Cisjordanie occupée - éloignant tout espoir de solution à un problème douloureux pour tous mais surtout pour le peuple palestinien, devenu un peuple apatride par le seul vouloir d'Israël. L'Europe et les Etats-Unis, qui détiennent trois postes permanents au Conseil de sécurité de l'ONU, malgré leur position majoritaire, n'ont jamais rien fait, sinon pour imposer une solution, du moins pour faire respecter le droit international, ne serait-ce que par l'application, par Israël, des résolutions pertinentes de l'ONU. Au contraire, Américains comme Européens ont refusé de faire pression sur Israël pour à tout le moins «l'aider» à savoir où se trouvait son intérêt et à l'inciter à choisir la paix. C'est-à-dire participer à trouver une solution consensuelle au contentieux qui l'oppose aux Palestiniens. Il n'en a rien été. Plutôt que de jouer le rôle de médiateurs, Américains et Européens ont surtout cherché à ne pas gêner Israël ou le mettre dans la peau du coupable, contribuant à faire de l'Etat hébreu un Etat hors norme, qui s'est délibérément placé hors des lois communes auxquelles sont soumis tous les pays de la communauté internationale. Or, les Etats-Unis, notamment, et cela au détriment de leurs propres intérêts, sont allés jusqu'à justifier les innombrables crimes commis depuis 62 ans contre le peuple palestinien, assurant à Israël l'impunité quels que soient les crimes qu'il a et avait alors commis (outre l'assaut d'hier, le dernier des crimes d'Israël contre les Palestiniens reste l'agression contre la bande de Ghaza durant l'hiver 2008-2009 en sus du fait qu'Israël sanctionne et tient en otages et prisonniers un million et demi de Palestiniens). Hier encore, les Etats-Unis s'opposaient à toute condamnation ferme par le Conseil de sécurité de l'assaut meurtrier des commandos israéliens contre la flottille humanitaire transportant de l'aide et des secours aux Palestiniens de Ghaza. A comparer avec l'acharnement mis par les Etats-Unis à vouloir sanctionner l'Iran, seulement soupçonné - soupçons jusqu'ici non avérés - de vouloir se doter de l'arme nucléaire, ou la promptitude avec laquelle la Cour pénale internationale (CPI) s'est auto-saisie d'affaires de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité - sans jamais songer un seul instant à se saisir des crimes contre l'humanité, (Jénine en 2002, Ghaza en 2008-2009, pour n'évoquer que les plus récents), commis par Israël contre les Palestiniens, on s'aperçoit que n'importe quel pays dans le monde a une sorte d'épée de Damoclès placée au-dessus de sa tête. Tous! Sauf Israël, curieusement exonéré de toute explication pour les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre (voir à ce propos le rapport Goldstone, sur l'agression contre la bande de Ghaza en décembre 2008 et en janvier 2009), voire de génocide contre le peuple palestinien dont est responsable l'armée d'occupation israélienne. Et ça, ce sont des faits. Ainsi, les tenants du pouvoir mondial, s'inquiètent-ils de la roquette détenue par le Hamas palestinien, mais trouvent naturelle la détention par l'Etat hébreu d'un dangereux arsenal nucléaire. Aussi, le sanglant assaut contre la flottille internationale risque de se répéter demain, puisque le ministère israélien de la Défense a réitéré, hier, qu'Israël empêcherait tout bateau humanitaire d'entrer dans les eaux de Ghaza, au risque de nouveaux massacres. Cela montre aussi, combien la réaction internationale, il est vrai timorée, aura peu impressionné l'Etat hébreu prêt à récidiver et à commettre d'autres bains de sang. Normal: le monde a abdiqué face à l'irrédentisme israélien.