La Coalition de l'opposition syrienne, reconnue par plusieurs pays occidentaux et arabes, était réunie hier à Istanbul. Premier objectif de cette rencontre : tenter de désigner un Premier ministre en exil. Les débats ont porté sur le principe même de la constitution d'un gouvernement en exil, qui fait l'objet de controverses parmi les membres de la Coalition, et sur le nom de l'éventuel chef de cet exécutif. La majorité des composantes de l'opposition avait, rappelle-t-on, signé le 11 novembre à Doha, un accord créant une «coalition» visant à lutter de façon unifiée contre le régime de Bachar Al Assad. Mais jusque-là, rien n'avait été entrepris. Diverses sources soutiennent qu'une proposition aurait été faite pour nommer Riad Hijab à la tête de ce gouvernement provisoire. Celui-ci ne ferait toutefois pas l'unanimité, surtout au sein des islamistes syriens. Ex-Premier ministre du régime du président syrien Bachar Al Assad, Riad Hijab a fait défection cet été et s'est installé en Jordanie. Au cours de cette même réunion, il aurait été également question de la situation et de l'avenir de la Coalition et notamment des promesses non tenues par les pays soutenant l'opposition syrienne en matière d'aide financière, de livraisons d'armes et d'ouverture de représentations diplomatiques. Dans le cas où les leaders de l'opposition syrienne n'arrivent pas, ces jours-ci, à se mettre d'accord sur un nom, ils auront toujours la possibilité de reprendre leurs débats à Paris, où il est prévu qu'ils se retrouvent à la fin du mois. Une réunion de l'opposition syrienne se tiendra en effet le 28 janvier prochain à Paris, en présence de ses principaux dirigeants. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui intervenait hier dans une émission de la radio Europe 1 avec le quotidien Le Parisien-Aujourd'hui en France et la chaîne iTélé a indiqué que les principaux soutiens à la Coalition nationale syrienne seraient également présents à cette réunion. M. Fabius a estimé à l'occasion que le président syrien Bachar Al Assad «ne regagne pas du tout de terrain». Il a minimisé, en outre, la présence en Syrie de combattants djihadistes aux côtés de l'opposition syrienne. Le constat du chef de la diplomatie française n'est néanmoins pas partagé par de nombreux spécialistes de la Syrie qui soutiennent, preuves à l'appui, que les djihadistes ont doublé l'Armée syrienne libre (ASL) sur le terrain. Après Istanbul, Paris Sur le terrain, la situation est devenue un véritable cauchemar pour les populations civiles. D'après l'ONU, plus de 60 000 personnes ont été tuées depuis le début en mars 2011 d'un soulèvement populaire qui s'est militarisé face à sa violente répression de la part du régime. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a soutenu qu'au moins 13 personnes ont encore été tuées hier dans des bombardements de l'aviation syrienne visant les positions des groupes armés dans la périphérie de la capitale, Damas, et à Daraya. Le même organisme a fait également état de combats et de bombardements dans d'autres localités proches. Des combats opposaient les troupes régulières aux groupes armés dans le quartier de Qadam, au sud de Damas, où un homme a été abattu, alors que l'armée bombardait des quartiers de Homs (centre) qu'elle assiège depuis plusieurs mois. Des affrontements et des bombardements étaient également signalés dans les provinces d'Alep (nord), d'Idleb (nord-ouest), de Deir Ezzor (est) et de Lattaquié, sur la côte, selon toujours l'OSDH. Le journal syrien Al Watan a indiqué pour sa part que «les terroristes à la périphérie de Daraya et de Mouadamyat Al Cham ont lancé des appels à l'aide après avoir reçu des coups très durs de l'armée syrienne qui a détruit plusieurs repaires dans lesquels ils se barricadaient». «L'armée a poursuivi hier ses attaques contre ces repaires qu'elle a entièrement détruits et elle prévoit de mener une opération terrestre qualitative afin d'extirper ce qui reste des terroristes», a soutenu le même titre. Samedi, 138 personnes ont été tuées en Syrie, selon l'OSDH. De son côté, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a refusé une nouvelle fois, samedi, toute discussion portant sur le départ du président Al Assad. M. Mouallem a affirmé à la télévision d'Etat que ceux qui posaient cette condition comme préalable voulaient la poursuite des violences. Détaillant les points du plan de sortie de crise récemment proposé par M. Al Assad dans un discours, M. Mouallem a une nouvelle fois appelé à un dialogue national, insistant sur le fait que la «charte nationale» censée en émerger «sera soumise à un référendum populaire».