Les portes de la brasserie de Tlelat du groupe Castel ainsi que son unité de production de boissons gazeuses ont été ouvertes, jeudi dernier, à la presse pour une visite organisée par son directeur, Philippe Pénouty. A l'origine de cette initiative, « des rumeurs » selon lesquelles ces deux usines sont responsables de la pollution du lac Oum Ghiles où se déversent tous les rejets de la région. « Qu'on fasse des analyses en aval pour l'ensemble des activités, y compris communales qui rejettent des déchets industriels ou autres et on verra qui pollue le plus », a déclaré le DG du groupe, qui emploie à Tlelat près de 400 personnes, dont une vingtaine de jeunes stagiaires pris en charge bénévolement grâce à une convention signée avec le secteur de la formation professionnelle. Les dirigeants des deux unités, qui devaient expliquer tout le processus de fabrication, annoncent les investissements consentis pour réduire davantage les rejets polluants. Le premier concerne la réduction à hauteur de 80% de l'usage des produits chimiques dans le traitement de l'eau qui sert à la fabrication de la bière et des boissons gazeuses. En effet, la mauvaise qualité de l'eau des nappes oranaises impose un traitement d'appoint et c'est d'ailleurs le cas de la brasserie d'Oran (secteur public), qui s'est également dotée d'un équipement de déminéralisation de l'eau à forte teneur en sel. Le deuxième investissement concerne un procédé de séparation de déchets solides, comme la poudre de roche contenant des silicates et qui est utilisée pour filtrer la bière des corps en suspension afin de la rendre limpide. Les travaux sont déjà entamés comme on a pu le constater sur place. Après cela, les 1,5 kg/m3 de déchets solides ne seront plus déversés avec l'eau, mais récupérés et identifiés en tant que tel avec des registres de sortie, etc. « Les procédés que nous utilisons sont universels et tous les produits que nous utilisons sont identifiés et importés avec des autorisations préalablement délivrées (renouvellement annuel) par les ministères, comme celui des Mines ou de la Santé », tente de rassurer le premier responsable de la filiale algérienne de cette multinationale présente dans au moins 25 pays africains. Le site est également doté d'un bac de décantation par où passent toutes les eaux pluviales de lavage avec usage de détergents, etc. Ce système permet aux produits solides (poussières) de se déposer sur le fond, mais aussi, grâce à une cuve spéciale, plus profonde, de maintenir les matières grasses en surface et les empêcher de s'échapper avec l'eau rejetée à partir d'une profondeur de 6 m. L'usine de Tlelat rejette 40% de l'eau utilisée pour la fabrication de 210 000 hectolitres de bière par an et 530 000 hectolitres de boissons gazeuses pour la même période. Tout en se gardant de minimiser l'impact sur l'environnement des rejets de sa propre usine, M. Pénouty estime que « la sauvegarde de l'environnement est l'affaire de tous, y compris des collectivités locales et des citoyens qui, souvent, ne se demandent pas où vont par exemple les détergents domestiques qu'ils utilisent chez eux. » « Cela dit, nous n'avons pas été saisis officiellement », devait-il préciser, par ailleurs, en confiant que ce qui a été dit peut être prouvé par des analyses. « Les études d'impact sur l'environnement et sur le lac Oum Ghiles en particulier doivent être menées de manière globale afin de définir les responsabilités de chacun », atteste de son côté un technicien de l'usine, d'origine allemande, un pays réputé pour l'intérêt qu'il accorde aux questions environnementales.