Les employés salariés, travailleurs et cadres de la brasserie d'Oran, se sont constitués en société et souhaitent acquérir cette entreprise, conformément aux textes réglementaires dont le décret 01-353 du 10 novembre 2001. Ils sont en tout 135 à avoir soumissionné au nom de leur société, suite à la parution d'un nouvel avis d'appel d'offres (El Moudjahid du 19 mars 2005) qui stipule cette fois la possibilité de cessions partielles du groupe BGA. Celui-ci comporte quatre brasseries (dont El Harrach et Reghaïa), mais aussi des unités d'eau minérales et de boissons gazeuses. Rencontrés sur place, les employés de la brasserie croient savoir qu'ils sont les seuls à soumissionner cette fois-ci et ils espèrent ainsi que la date de la séance d'ouverture des plis, fixée selon eux au 12 du mois en cours, ne sera pas ajournée. Si ce rêve venait à se réaliser, il créera sans nul doute un précédent dans le processus de privatisation des entreprises (de production) algériennes. Les travailleurs de la BAO se disent prêts à courir le risque et à affronter une concurrence parfois déloyale mais dont le produit, la « 31 », se maintient en bonne place sur le marché de la bière de l'Ouest du pays, en attendant une extension déjà entamée à Tigzirt. En réalité, ce n'est pas la première fois que les employés de la brasserie ont tenté d'acquérir cette unité de production dont l'idée de sa privatisation remonte à la fin des années 1990. A cette époque, un mouvement de protestation a été initié par la section syndicale UGTA car le bruit a couru qu'elle allait être cédée au groupe Castel. Celui-ci est maintenant bien installé du côté de Tlelat (il produit les marques Castel, Beaufort ainsi que Coca-Cola.) Un projet de « contrat de cession des titres sociaux du groupe BGA » a été émis en 2002 par le comité des participations de l'Etat (El Watan du 31 mars 2002), mais il concernait l'ensemble du groupe BGA. La privatisation à laquelle ils se sont opposés devenant incontournable, les employés ont alors sauté sur l'occasion pour une première tentative d'acquisition. Ils ont été orientés vers le CPE et leur démarche de création d'une société de travailleurs a été acceptée. Seulement, les délais de retrait du cahier des charges fixés au 18 mai 2002 n'ont pas cessé d'être prorogés jusqu'à l'abandon du projet de privatisation. Les cadres de la BAO estiment que les repreneurs potentiels, dont justement Castel mais peut être aussi Tango, n'étaient pas intéressés par l'ensemble du groupe. Pour eux, seule la brasserie d'Oran est rentable malgré ses équipements désuets. « Depuis 1998, date de la reprise en main du marché, les bilans annuels de l'entreprise sont tous positifs », atteste-t-on à ce sujet. Aujourd'hui, des investissements ont été consentis mais ils ne représentent que les efforts initiés localement et avec beaucoup de difficultés. Si les travailleurs sont les seuls soumissionnaires cette fois, la mythique BAO datant de la fin du XIXe Siècle leur reviendra-t-elle de droit ?