Traits expressifs, mouvements élancés, courbes soulignées…transparaissent des photographies de Nadjib Rahmani consacrées à la fantasia en Algérie. Présentée le mois prochain à la galerie de Bab Ezzouar Center. El Watan week-end vous fait découvrir en exclusivité quelques perles de cette collection. -Cette exposition est une occasion de montrer votre travail qui connaît un succès sur les réseaux sociaux. Que montrez-vous sur vos photographies ? La prochaine exposition se composera d'une quarantaine de photographies. Le thème étant «Fantasia des hommes et des traditions». C'est un hommage rendu aux hommes qui perpétuent cette tradition dans des conditions très difficiles, précisément au niveau logistique. J'avais envie de donner beaucoup d'émotions à cette série consacrée à la fantasia en Algérie. Au final, je suis parvenu à raconter une histoire à travers ces portraits de cavalier ou cheval. -Vos portraits sont autant d'hommage à la fantasia en Algérie. Une manière de sauvegarder cet art ? Tout à fait. Plus que sauvegarder, c'est une manière de faire vivre notre patrimoine où l'art de la fantasia a été complètement oublié, sur tout le territoire national. La série de photographies que j'ai prises était dans le du Festival national de la fantasia de Relizane, organisé en partenariat avec la Fédération nationale d'équitation. Je m'étais rendu pour faire un reportage photo et des prises rapprochées afin de donner ce résultat. Je ne fais pas que des photos sur le patrimoine, mais je compte m'y consacrer davantage. -Pourquoi spécialement le patrimoine ? Quand on voit ce qui se fait au Maroc et en Tunisie, on se rend bien compte qu'il y a un manque flagrant de sauvegarde du patrimoine à travers la photo. Il y a beaucoup de documentaires, de beaux livres et des reportages photo par rapport à nous. Ceci est dû également à un manque de communication. Je m'explique, en Algérie nous organisons de multiples événements tout au long de l'année, cependant nous ne gardons pas de traçabilité de toute cette activité artistique, ou peu. Par ailleurs, l'Algérie est un pays ouvert sur le monde grâce aux réseaux sociaux. Si nous n'avons pas de quoi communiquer sur notre patrimoine, à travers des outils comme la photographie ou la vidéo, il ne servira à rien de mettre en place des événements qui seront vite oubliés dans le temps. Je suis convaincu qu'il y a beaucoup de choses à faire, et surtout de la matière à récolter, soit dans un cadre institutionnel ou personnel. Le photographe algérien a de quoi faire. -Comment distingue-t-on un photographe d'un autre ? Certainement par sa manière de voir le monde, de transcender son environnement et de l'exprimer. Je fais de la photo pour m'exprimer et partager des choses qui me paraissent intéressantes. -Aujourd'hui, en Algérie, il y a une petite révolution numérique grâce aux appareils photos compacts. Plusieurs clubs photos, privés ou associatifs, ont vu le jour... La nature a horreur du vide, et grâce à ces outils qui sont un peu plus accessibles à tout le monde, autant les utiliser et définir son engagement par rapport à cet art. De là, on devient professionnel, ou juste passionné, ce qui n'est pas plus mal.