L'agenda international des grands salons du livre est quasiment bouclé et commence à être diffusé dans le monde. Les observateurs notent que, de plus en plus, ces manifestations qui sont le pouls de l'édition mondiale, accordent une place importante à l'édition numérique qui se développe sous plusieurs formes et supports, dont les fameuses tablettes informatiques de lecture. L'autre tendance concerne l'importance que prennent des marchés éditoriaux associés aux économies émergentes : Chine, Inde, Amérique du Sud. Cette donnée est remarquable, car elle atteste du lien entre le développement économique et le développement culturel. Le livre appuie le progrès général d'un pays et inversement. Cette année, c'est le Salon du Caire qui ouvrira le bal éditorial mondial. Créé en 1969, il est le plus ancien du monde arabe et un des plus anciens au monde. Ainsi qu'un des plus grands puisqu'il accueillait 3000 exposants et 3 millions de visiteurs avant son interruption pour cause de révolution. Bonne nouvelle que son retour, du 23 janvier au 5 février, avec la Tunisie comme invitée d'honneur... Signalons que son premier jour est toujours réservé aux professionnels. Le 20e Salon mondial du livre de New Dehli aura lieu du 4 au 10 février au Centre Pragati Maidam. Existant depuis 40 ans, ce Salon biannuel passe cette année à une périodicité annuelle après avoir reporté en 2012 son édition de 2011. Lors de cette dernière édition, 1300 éditeurs indiens et 30 étrangers avaient exposé. Sa fréquentation dépasse le million de visiteurs et en fait un des salons les plus importants au monde avec ceux de Calcutta et du Caire (3 millions de visiteurs chacun). Il faut préciser que l'Inde est le troisième éditeur mondial en langue anglaise, derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Organisé par le National Book Trust, structure rattachée au ministère du développement des ressources humaines, le salon de New Dehli sera consacré cette année au thème «Voix indigènes : une cartographie des littératures traditionnelles» qui mettra en valeur les expressions littéraires locales de ce pays-continent. La France en sera l'invitée d'honneur. Bonne transition pour se rendre à Paris au Salon du Livre dont la 33e édition est prévue du 22 au 25 mars, Porte de Versailles. Si cette manifestation ne se distingue pas par une très grande fréquentation (190 000 visiteurs l'an dernier), elle attire cependant des lecteurs généralement d'un haut niveau d'exigence et d'un certain revenu, le billet étant fixé à 10 euros et gratuit pour les moins de 16 ans et les étudiants. Avec 1200 éditeurs de quarante pays en 2012, cette manifestation se distingue surtout par ses 2000 auteurs. On annonce que l'édition numérique y sera plus présente encore. Le Salon de Paris poursuit le nouveau mode d'invitation inauguré l'an dernier en associant une littérature nationale et une ville du monde. Cela avait commencé avec le Japon et Moscou. Pour 2013, ce sera la Roumanie et Barcelone. La bande dessinée sera de la partie avec trois expositions, dont les 20 ans de Titeuf, personnage créé par Zep. Deux nouveautés à signaler : le Square Culinaire avec les livres de cuisine, mais aussi des démonstrations de chefs et des rencontres-débats et l'Art Square qui regroupera les éditeurs de beaux-livres, une exposition de livres de collection, une librairie de bibliophilie avec les livres à tirages limités, les livres et catalogues d'art… En avril, place au London Book Fair, du 15 au 17 avril. C'est l'un des plus grands rendez-vous au monde, sinon le plus grand, de l'édition anglophone. On attend cette année 1500 exposants. Plus de 20 000 professionnels y participent, issus d'une centaine de pays dans une manifestation qui ne dure que trois jours, d'où son extraordinaire intensité. Mais il s'agit surtout d'une rencontre professionnelle qui s'appuie sur un marché où l'on négocie l'achat de droits, des contrats de traduction, de coédition, d'adaptation à l'écran, etc. On y trouve bien sûr des auteurs en séances de dédicaces, mais aussi des espaces de rencontre avec des agents littéraires. L'orientation de cette manifestation qui ne néglige pas l'aspect culturel reste essentiellement celle du business éditorial mondial à travers des mises en relations d'affaires d'auteurs avec des éditeurs, d'éditeurs entre eux ou avec des distributeurs, des traducteurs ou des adaptateurs, etc. Direction les Emirats arabes unis avec le Salon international du livre d'Abu Dhabi, du 24 au 29 avril. Cet événement est organisé par Kitab, joint-venture créée entre l'Autorité d'Abu Dhabi pour la culture et le patrimoine et la Foire du Livre de Francfort. Au-delà du salon, cette entreprise culturelle s'emploie à développer l'édition et à promouvoir la lecture dans l'émirat, ainsi que dans les émirats voisins. La prochaine édition exposera un demi-million de titres avec une large ouverture sur la publication numérique. Comme à Francfort, on y accorde une place de premier plan aux échanges professionnels et aux signatures de contrats. Ce Salon affirme ses ambitions commerciales à l'échelle du Moyen-Orient, mais également de l'Afrique du Nord. Il se caractérise aussi par sa dimension culturelle avec, notamment, l'attribution de l'International Prize for Arabic Fiction et les divers Prix Cheikh Zayed. Plusieurs de ses programmes sont consacrés à l'éducation. Il se définit enfin comme un rendez-vous tourné vers la tolérance, l'esprit d'ouverture et les échanges multiculturels. Allons vers la Suisse avec le 27e Salon international du livre et de la presse de Genève. C'est un des rares à intégrer les médias dans son exposition et ses activités. Il aura lieu cette année du 1er au 5 mai, avec comme invité d'honneur le Mexique. Chaque édition est accompagnée d'une grande exposition et, en 2012, ce sont les œuvres du grand peintre Gustave Courbet qui ont été montrées. Il a accueilli 92 000 visiteurs l'an dernier, venus pour 600 éditeurs et 740 auteurs. La durée moyenne de visite est de 4h30. Son programme comprend plus de 1600 animations et il est couvert par 260 journalistes. Autre originalité de cette manifestation, elle va de pair avec un Salon africain du livre. Du 30 mai au 1er juin s'ouvrira la Book Expo America à New York. C'est le plus grand salon au monde de l'édition en langue anglaise avec celui de Londres et l'un des plus anciens puisqu'il a ouvert ses portes en 1902 avec Marc Twain pour invité d'honneur. En 2011, il a réuni 1500 exposants et 500 auteurs et accueilli 30 000 visiteurs. En juillet, les grands salons asiatiques prennent le relais. D'abord, celui de Tokyo (4-7 juillet) consacré à la phénoménale édition japonaise. Le salon est représentatif de la puissante industrie culturelle de l'Empire du Levant avec beaucoup de fictions, d'essais économiques et de mangas (bandes dessinées japonaises) qui ont maintenant gagné le monde entier. Cette manifestation est aussi représentative de la progression du livre numérique au Japon. En 2011, le TIBF (Tokyo International Book Fair) a accueilli plus de 66 000 visiteurs venus de 42 pays. Dix jours après Tokyo, arrive Hong Kong et son salon international (17-23 juillet). Un phénomène mondial avec une moyenne d'un million de visiteurs. En 2012, malgré l'alerte au typhon, 900 000 personnes ont honoré le rendez-vous. Dernière destination asiatique estivale, le Salon international de Pékin (28 août au 1er septembre). Le plus grand rendez-vous de la Chine par la fréquentation et le deuxième du continent après Hong Kong. Mais son avancée prodigieuse l'amènera bientôt à rattraper son devancier. Preuve en est, son déménagement cette année pour faire face à l'afflux grandissant, motivé surtout par la demande de livres étrangers traduits ou non. Il est organisé en zones d'exposition spécialisées (édition enfants, essais, livre numérique…). Pendant trois jours, il est strictement réservé aux professionnels du livre et, à partir du quatrième, il est ouvert au public qui ne dispose que de deux jours. La rentrée de septembre sera brésilienne avec le Salon international de Rio de Janeiro. Cette biennale créée en 1983 sur seulement 1000 m² du hall de l'hôtel Copacabana Palace est devenue une des plus importantes manifestations au monde et la première de l'Amérique du Sud avec 800 000 visiteurs et des centaines d'éditeurs (29 août au 8 septembre). Il cible les familles en proposant une diversité de contenus et d'activités qui touchent tous leurs membres (parents, femmes, jeunes, enfants). Chaque année, il a amélioré d'environ 30% sa fréquentation, ses ventes et sa couverture médiatique. Le Brésil sera justement l'invité d'honneur du Salon du Livre de Francfort (9-13 octobre). Plus de 7300 exposants d'une centaine de pays y ont participé l'an dernier. Avec ses 281 000 visiteurs, il est pourtant le premier au monde. Pour sa participation professionnelle, pour le volume des transactions qu'il abrite et pour son programme de plus de 3000 événements ! Enfin, un petit tour vers le Mexique avec la FIL (Foire internationale du livre de Guadalajara), créée il y a 26 ans par l'université de cette ville. L'édition 2013 aura lieu du 30 novembre au 8 décembre. Avec ses 34 000 m², elle a accueilli en 2012 plus de 20 000 professionnels issus de 44 pays et environ 260 agents littéraires. Elle a attiré plus de 700 000 visiteurs dont 157 000 enfants. La FIL est un rendez-vous majeur de l'édition en espagnol, la deuxième au monde par les tirages. L'an dernier, 495 médias et 1960 journalistes ont été accrédités. Durant les neuf jours de cette manifestation, son site internet a reçu près de 5 millions de visites. On y a dénombré 550 présentations d'ouvrages, 60 rencontres littéraires, 20 académiques, 139 activités professionnelles, 128 manifestations artistiques, 124 activités pour jeunes et enfants et 14 prix ou hommages. Plus de 120 sociétés ont participé au Centre des Droits où se concluent les marchés de l'édition. De quoi donner le vertige quand on sait, en outre, que la manifestation a bénéficié du soutien de 62 sponsors. Et c'est Israël, invité d'honneur, qui profitera cette année de cette formidable tribune. Dans ce parcours mondial, sans doute incomplet, on peut relever que les salons du livre constituent aujourd'hui un pilier de la vie culturelle dont ils rythment les pulsations au fil des éditions. De même, ce vaste réseau d'échanges est dynamisé par l'émulation entre salons et la concurrence des marchés qu'il génère.