Les listes provisoires des bénéficiaires des 300 logements sociaux de la capitale des Hauts-Plateaux (un chétif quota qui n'a fait qu'accentuer la déprime des 24 000 demandeurs), affichées dans la nuit du dimanche à lundi 28 mars 2006, ont suscité durant 8 jours (délai réglementaire de dépôt des recours) la désapprobation des recalés qui se chiffrent, donc, par milliers. La relégation du secteur du bâtiment au dernier plan, des décades durant, est en grande partie à l'origine des malheurs d'une importante frange de la population et du flagrant déséquilibre qui règne entre la maigre offre et une demande grandissante. Des jours durant, les sièges de la wilaya et de la daïra ont été assiégés par les malheureux insatisfaits, obligés de déposer un recours n'étant, pour de nombreux citoyens, d'aucune utilité. « Le recours est un leurre. Ce n'est ni plus ni moins que de la poudre aux yeux. Par ce procédé, l'administration veut gagner du temps et calmer les esprits surchauffés des malheureux qui ont été, une fois de plus, laissés en rade », souligne non sans colère Mohamed B. qui court, dit-il, derrière un logement depuis... 1974. Selon certaines indiscrétions, et ce, faute d'informations officielles, l'opération précitée (recours), clôturée à la fin de la semaine écoulée, a enregistré plus de 3000 réclamations, transmises à la commission de recours de la wilaya qui aura, eu égard au nombre élevé des contestations, du pain sur la planche. Néanmoins, le fossé entre l'offre et la demande demeurera, qu'on le veuille ou non, et pour un certain temps, de la dimension d'un océan. « Je ne mets pas en cause le travail de la commission qui n'avait pas, avec une telle dotation, les coudées franches. Il est par contre inadmissible qu'une cité de plus 400 000 habitants, faisant de surcroît face et depuis la nuit des temps à cet épineux problème, ne bénéficie que de ce quota, d'une extrême maigreur, ne dépassant guère les 300 ou 400 unités », nous confie Layachi D. qui partage, avec les familles de ses deux frères Salah et Abdelouaheb et les quinze autres membres de la famille, en « co-location » un minuscule F4. Mokdad R., un travailleur de la commune, n'est pas du même avis. « Les démunis ont été bernés par l'Etat qui a laissé tomber les plus vulnérables de la société. Avec un minable salaire de 8300 DA, je n'ai pas eu droit à un toit à caractère social », s'offusque notre interlocuteur qui n'ouvre pas droit à un logement social participatif (LSP). « Je ne touche pas les 12 000 DA/mois exigés pour la constitution du dossier LSP », précise cet agent communal, au bord de la dépression. Notre interlocuteur enfonce le clou : « L'Etat qui a déchargé les élus locaux d'un tel dossier doit revoir sa copie. Les élus sont mieux plus placés que quiconque pour étudier les demandes des citoyens électeurs... » Un autre recalé est, dit-il, déboussolé : « Figurez-vous que le père de cinq enfants que je suis, n'a pas obtenu les faveurs de la commission, alors que mon frère qui vient de convoler en justes noces a bénéficié d'un logement. Trouvez-vous ça normal ? » D'autres citoyens s'interrogent sur le sort réservé aux 117 logements qui ont été retirés du quota des 417 unités prévues initialement. Selon les bribes d'informations en notre possession, ces logements seront attribués aux citoyens des habitats précaires, estimés à plus 1043 habitations, rien que pour le chef-lieu. Les Harats, Bensakai et El Far où vivotent dans des conditions inhumaines de nombreuses familles, sont touchées par l'opération, tout comme les 64 chalets de la cité Bounechada. Erigé par et pour les colons en 1958, ce quartier une fois rasé « libérera » une superficie de 6000 à 7000 m2, d'une grande utilité pour l'édification d'infrastructures de base et pourquoi pas un important quota de logements sociaux, à caractère locatif ou participatif. Les habitants de Diar En Nakhla réclament, eux aussi, un recasement d'autant que leurs bâtiments, construits du temps de la colonisation, se trouvent dans un état de délabrement avancé. Par ailleurs, certains heureux bénéficiaires, qui sont certains de figurer sur les listes définitives, vivent sur des charbons ardents. Car, ils craignent que la commission de recours, qui doit rendre son verdict dans un délai ne dépassant pas les trois mois, ne prenne deux ans pour donner un verdict final, comme elle l'a fait pour le dernier quota. Pour étayer ces propos, les listes provisoires ont été affichées en 2000. Les clés n'ont été remises aux heureux lauréats du contingent des 800 logements qu'en août 2002. Notons, par ailleurs, que la wilaya de Sétif, qui a observé un silence de cathédrale à propos de nombreux points relatifs à la distribution sus-nommée, ne s'est pas empêchée de pondre un communiqué annonçant en grande pompe qu'un premier quota de 221 logements AADL sur les 500 de Sétif sera réceptionné en mai prochain ...