Le Front de forces socialistes a tenu, vendredi, une session extraordinaire de son conseil national. Figuraient, entre autres sujets au menu de cette session, l'intervention française au Mali et l'attaque perpétrée contre le site gazier d'In Amenas. Deux sujets qui «soulèvent des questions fondamentales pour notre pays», souligne la résolution sanctionnant la réunion du CN du FFS. Pour le plus vieux parti de l'opposition, des interrogations fondamentales se posent sur «la souveraineté nationale et l'autonomie de décision de l'Algérie ; la protection des intérêts nationaux ; l'aptitude des autorités du pays à construire des consensus autour de ces questions et l'implication et la participation des Algériennes et des Algériens dans les décisions concernant aussi bien notre politique intérieure qu'extérieure». Le FFS invite toutes ses structures à ouvrir le débat sur ces questions et l'élargir à tous les militants et tous les citoyens. Dans son intervention liminaire aux travaux du CN, le premier secrétaire, Ali Laskri, a esquissé l'analyse du parti de l'attaque d'In Amenas : «Ce que nous savons sur cette opération, ce qui a été rendu public par le pouvoir et par la presse reste encore entouré de trop de zones d'ombre pour nous permettre de mesurer tous ses tenants et aboutissants.» Il indique qu'«en attendant ce que pourraient révéler de plus amples investigations, nous pouvons d'ores et déjà relever les graves défaillances dans la sécurisation d'un site stratégique qui aurait dû être autrement mieux protégé compte tenu de son caractère vital pour l'économie nationale, mais aussi à cause de sa proximité avec les frontières. Notamment avec la Libye qui traverse une période chaotique depuis que l'intervention militaire de l'OTAN a mis un terme à la tentative africaine de trouver une sortie de crise moins coûteuse pour le pays et pour la région». Il promet en outre aux membres du CN que dans les jours qui viennent, «nous aurons à nous pencher sérieusement sur les événements qui ont bouleversé la région ces derniers mois et ont transformé les aspirations démocratiques des peuples, en lutte contre des régimes autoritaires et corrompus, en un épouvantable chaos sanglant». Ce chaos programmé, dit-il, «sert en premier lieu les intérêts sordides des puissances, leur interventionnisme néocolonial et entretient leur industrie de guerre. Un programme qui peut rejoindre celui des factions les plus antinationales au sein même des régimes autoritaires qui ont conduit leurs pays à la catastrophe». Ali Laskri estime que l'intervention militaire française au Mali n'échappe pas à ce schéma chaotique. «Ceci vaut également pour l'intervention française au Mali, sur laquelle nous nous sommes déjà prononcés et à laquelle nous comptons consacrer prochainement une journée d'étude et de débat, car il s'agit d'une question qui va influer, directement et indirectement, sur la situation nationale. On peut même considérer que son influence est déjà à l'œuvre.» Le premier secrétaire du FFS cite à cet effet l'attaque de Tinguentourine, «mais également parce que des pressions terribles sont exercées sur le pouvoir algérien pour obtenir – voire forcer – sa participation militaire à la guerre en cours». Le FFS considère que «l'état de déliquescence politique et économique du pays ferait d'une telle décision, si elle venait à être prise, la porte ouverte à des malheurs encore plus grands que ceux qui lui ont été imposés durant la sale guerre des années 1990». Evoquant l'attaque de Tinguentourine, Ali Laskri a souligné qu'«au même titre que l'ensemble des Algériens, nous avons accueilli avec soulagement la neutralisation des terroristes par les forces spéciales de l'armée nationale et la libération des otages, dont une écrasante majorité de nos compatriotes. Nous avons aussi une pensée pour les victimes et nous rendons un hommage particulier à notre compatriote, Mohamed Amine Lahmar, qui a sacrifié sa vie pour donner l'alerte, ce qui a permis aux cadres de Sonatrach de prendre, courageusement et avec une conscience professionnelle exemplaire, les mesures nécessaires pour éviter le pire». Le premier secrétaire du FFS note, toutefois, que cette attaque terroriste «vient brutalement nous rappeler la vulnérabilité sécuritaire, économique et politique de notre pays. Depuis des années nous n'avons, et nous ne sommes pas les seuls, cessé d'interpeller les pouvoirs publics sur, précisément, tous ces facteurs : absence de démocratie et de libertés, népotisme, corruption, exercice du pouvoir en dehors de tout cadre institutionnel et en dehors de tout contrôle, marginalisation des élites et mépris des populations. Ces facteurs, aujourd'hui cumulés, menacent dangereusement la stabilité du pays et son devenir».