L'Algérie est ce pays que nous avons fait, si elle est sans indulgence aujourd'hui, c'est parce que certains l'ont rendue inhumaine et impitoyable par leurs pensées et comportements pervers, des politiques travestis en rentiers (ploutocrates) pour mieux séquestrer les sphères (économiques, sociales, administratives, culturelles, morales et éducatives), afin que le «respect fabriqué» revienne uniquement aux forts, aux riches, aux responsables des postes- clés et aux intouchables, et le «mépris forcé» destiné aux faibles et aux misérables. L'amour de l'argent, du pouvoir et de la réputation et ce sentiment d'inégalité et d'injustice sinon de la «hogra» qui pousse au besoin de l'agression (violence), la corruption, le piston, le clientélisme, la déliquescence, la dépravation, la malversation, la pestilence et la prévarication sont l'étincelle qui fanatise le climat social. Ces dérives endoctrinent l'ensemble de la société algérienne, elles ne représentent pas la totalité de la société certes, mais sa face sombre nous affiche son état de trouble, de marasme, de faillite et d'échec. Devant l'état actuel de nos villes, villages, cités, quartiers, rues et devant la recrudescence sinon l'aggravation de toutes ces animosités multiformes, notre civisme se trouve emporté par une délinquance galopante au rythme de l'inflation qui empeste notre niveau de vie, par la perte de repères cognitifs et bien d'autres contraintes du mal, du mauvais et du pire car nous avons perdu le sens de réfléchir et de raisonner. Avec la saleté qui a envahi les cités et le cœur des hommes, c'est la violence (nouveaux comportements) qui électrise les jeunes et échauffe les cités (sécurité). La paix sociale, la soumission, la coercition, l'obéissance et la civilité se trouvent affectées à tel point que l'ordre ou plutôt le désordre public et la cohésion sociale échappent totalement à l'Etat, l'absence d'«El houkouma» (Etat vidé de ses règles) dans tous les aspects de la vie sociale de telle sorte que chacun se trouve péjorativement libre de faire ce qu'il veut, et ne rien faire du côté de l'Etat. L'Etat emprunte malheureusement le chemin du «mal-faire» par des actions arbitraires pour faire du mal, à voir le laisser-aller des constructions illicites, les squats des lieux publics, la multiplication des endroits de dépôts d'ordures et de l'emballage balancé ça et là après consommation d'alcool en dehors de leurs espaces, des mercantilistes informels, non respect des symboles de l'Etat, cas de la place des Martyrs de la ville de Beni Saf où le cénotaphe des chouhada est profané à longueur de jours, de mois, d'années et il s'éternise ; il est situé au milieu d'un espace vert mais mercantilisé par de l'informel au gré du vent, la constitution de gangs et de voyous où le sabre fait son apparition en tant que mode de la puissance brutale…, ce sont des forces nuisibles naissantes de subversion et de désordre qui constituent un sérieux danger pour la paix et la sérénité sociale. ne dit-on pas : «quand un clou dépasse les normes, il faut appeler M. le marteau» ? Les gens, ou plutôt «al ghachi», ont tendance à ne pas craindre l'Etat faible et moisi par son arbitraire, ni à son pouvoir contraignant qui s'amenuise au fil des jours, ni à l'asthénie de sa puissance publique. L'Etat n'a pas su combattre, ni trouver des solutions à ces phénomènes, fléaux ou maux sociaux, car la concertation, les moyens didactiques et civilisationnels, l'intelligence, la loi, la raison d'Etat, la façon humaine ne font plus partie de cet Etat autiste et insolite. L'utilisation de la force (violence et force - la loi de la force) quand elle est mise en pratique, elle ne peut être qu'une façon propre aux non civilisés (loi de la jungle) sinon aux dictateurs. En ma qualité de citoyen, si je me permets vraiment de le dire et le concevoir, les hommes civilisés ou de sciences ont inventé la notion de l'«Etat» pour justement ne plus se soumettre aux caprices des hommes, et c'est à travers toute cette panoplie de lois et de textes réglementaires non mises en œuvre et propres à notre soi-disant Etat (Etat de loi et non de droit), malheureusement ces règles juridiques calfeutrées dans des manuscrits sont faites pour embellir les rayons et les bibliothèques de nos responsables politiques et d'exécution à tous les niveaux institutionnels de la République… On raffole être chef, c'est une devise à l' Algérienne, mais pas responsable, c'est aussi une qualité mesquine de nos rentiers qui n'ont rien (même pas le nif !) pour s'imposer en tant qu'«hommes de terrain», «hommes politiques», «technocrates», «justiciers» ou «Hommes» tout court ; sinon des carriéristes égocentriques, qui ne savent pas que ce n'est pas le champ qui nourrit, mais c'est bien la culture ! Ces textes juridiques sondés nous octroient individuellement et collectivement des droits et des obligations. Ainsi, lorsqu'on commet des actes de violence (actes illégaux) dans n'importe quel contexte social, on s'expose automatiquement par la force de la loi, dans un Etat de droit, à des punitions ou à des sanctions disciplinaires, sinon à des contraventions ou astreintes. Le contraire se passe chez nous ! Au milieu des armes, les lois sont silencieuses D'une façon prosaïque, l'Algérien se trouve livré à lui-même, otage de ses propres pulsions et passions, ne trouvant ni boulot (conception économique algérienne oblige !), ni situation pouvant lui assurer un avenir adéquat au niveau d'un contexte non pas de crise mais d'un marasme, d'un échec et d'une faillite de la société de tout point de vue. L'Américain avance des «Yes we can», l'Algérien pense «Yes, week-end». L'ingéniosité des remarques du tout petit Algérien nous dévoile que la vie en société n'est point fondée sur des règles justes et précises, et l'autorité n'est pas choisie pour agir en leur nom et leurs intérêts. La volonté générale ou bien le contrat social qui, en principe, défend et protège les personnes et les biens, n'est pas réel ; par conséquent, la construction du corps social se trouve minée par des actions et réactions qui perturbent l'ordre public, et donc la cohésion sociale présente systématiquement des fissures qui peuvent mener à des troubles violents. La violence n'est que la conséquence de la faillite, de l'anomie et de la négation de l'Etat. La violence de façon primaire et générale renvoie à des agissements et des mœurs et également à des actions physiques qui consistent dans les meilleurs des cas dans l'usage de la force brutale contre quelqu'un et quelque chose. Cette force se manifeste et charrie des conséquences nuisibles et préjudiciables au niveau d'un contexte hostile. Cette même force utilisée prend sa qualification de «violence» en négation de la fonction des règles, droits, normes qui sont mises en œuvre dans des sociétés où leur seul et unique volant de direction est bien le droit et l'équité dans son application. L'histoire, depuis Adam, s'est affirmée sur la base de contestations sociales, de conflits et la bénédiction à ces contestations se fait sur la base de droit, de l'ordre, de justice et de lois pour ceux qui ont donné un sens à l'Etat dont les roues motrices de l'Etat sont les lois et leur application. Imaginons un instant une humanité qui n'a jamais contesté, soumise petitement aux chefs, à leurs mensonges, à leurs domination ; imaginons encore les tyrannies sans résistances, des modèles de gouvernance sans hérésie… cela donnerait un univers taciturne de soumis qui n'a jamais médité ou préparé sa revanche ; les progrès de l'humanité ont été enfantés par des contestations, comme disait Zola : «la contestation est en marche et rien ne l'arrêtera». L'histoire retiendra que Socrate, Spartacus, les prophètes, Robespierre, Lénine, Gandhi, Martin Luther King, l'Emir Abdelkader et bien d'autres figures se dressent comme autant de preuves de la contestation pour justifier notre défaitisme et exalter notre espérance. Où rentre la force, le droit s'efface La violence vue sous l' angle de la prolifération de la délinquance (les gens ne craignent plus la prison, ni celui qui fait l'ordre, ni la loi, ni l'Etat, et ne mesurent guère les risques…), elle doit être considérée comme une cause importante de phénomènes, maux et fléaux sociaux dont ses conséquences sont incommensurables, il suffit pour s'en convaincre de considérer toutes les violences qui se répandent au sein de notre société sans que celle-ci ne réagisse ; il est inutile de faire le listing des violences multiformes (la Une des journaux et leurs faits divers suffisent pour montrer l'ampleur du désastre) qui affectent notre pays ; pour mieux mesurer le désastre, ce sont ces nuisances ignorées et qui ne sont pas prises en compte et qui provoquent des relations d'animosité (naissance de la violence physique), elles nécessitent un cadre de lutte scientifique et institutionnel, qu'on doit nécessairement reconnaître et le faire valoir en tant que priorité et outil de la santé publique (sens large) qui représente le but de la société, qui se traduit par le bonheur et le bien-être commun. Le gouvernement est institué pour garantir à l'homme la jouissance de ses droits naturels et imprescriptibles. Ces droits sont la sûreté - la propreté -, le bien-être et pour demain, si tout va bien : l'égalité, la liberté, la justice. La violence ne touche pas uniquement la victime, ses effets indirects sont aussi importants au niveau d'un milieu donné, qu'il s'agisse de toute la catégorie sociale car la réaction peut se mesurer sur les mécanismes de défense ; parmi un des exemples : la prolifération des vols entraîne une idiosyncrasie qui se manifeste par des barricades en fer des portes et fenêtres de maisons, appartements, villas et magasins scellés avec un nombre de cadenas entrant dans l'insolite… d'apprentissage matériel et moral de défense (apprendre à faire face à la violence par la force matérielle et non par le droit et la loi), d'environnement physique et des normes et règles organisationnelles en matière de sécurité (entreprises de sécurité) et bien d'autres créneaux qui gâtent et gâchent le paysage social par effets d'entraînement d'insécurité au niveau social et économique. Ainsi, la prévention des phénomènes liés à la violence en passant par le renforcement de l'efficacité des politiques de santé publique (sens large) sont une nécessité primordiale. Les faits que le commun des mortels considère comme violents (agressions, coups, tortures…), d'autres dépendent pour leur appréhension des règles de société (violence dans les stades, violence entre personnes, violence criminelle, violence d'Etat, violence politique, violence symbolique «injure», violence de la nature : tempête-tremblement…). La violence est une force anormale qui porte atteinte à l'intégrité physique, morale et matérielle dans son sens commun, c'est une action brutale envers quelqu'un. La force, par contre, est une puissance physique et non une autorité morale, comme veulent nous le faire avaler ces ploutocrates, car la volonté générale en principe s'exprime sous la forme de lois et de règles de droit, qui ne représentent point de contraintes pour les citoyens dans un contexte de droit pour ne pas dire Etat de droit, la force devant être soumise au droit . Le Droit et la justice délogent le mal Par contre, la violence n'est pas compatible avec l'Etat de droit car elle établit une relation de force plutôt physique, surtout lorsque les inégalités sociales augmentent et que la confiance dans les institutions de l'Etat s'amenuise. Max Weber avait réagi à cela en disant : «Qu'on doit s'opposer au mal par la force» ; moi, je dirais par la force de la loi, sinon on devient responsable du triomphe du mal, c'est comme celui qui néglige le bien, c'est le mal qui le sanctionne. Nos petites remarques vont vers tous les effets démontrables et de très fortes inégalités : l'analphabétisme, la décroissance économique, le chômage, diminution de l'espérance de vie, problèmes de santé, maladies mentales, criminalité en hausse, harcèlement public, populations carcérales et leurs structures en augmentation, etc. Tous les maux et phénomènes sociaux sont les signes d'une montée vers le chaos (violence). Chaque supplément infime de grain d'injustice conduira inévitablement à un moment imprévisible - au cataclysme - social et donc à l'effondrement, car la violence tend à la destruction de tout ordre social établi. C'est une esquisse dont les hommes nient l'existence dans leurs paroles, tout en le confirmant dans leurs actes, ils aiment la sécurité et le calme qu'on appelle de plein gré «la paix», mais quand ils parlent, ils essaiment les germes du désordre et de la violence. Lorsque la violence entre dans un pays, l'art, la loi et la justice foutent le camp de ce pays.