Décidément le centre hospitalo-universitaire d'Oran ne cesse de défrayer la chronique. Depuis plus de 2 mois, 150 malades atteints du sida ne suivent pas de traitement adapté. Hospitalisés ou non, ces malades ont fait l'objet de trois changements du schéma thérapeutique appelé communément par les spécialistes la trithérapie. Pour rappel, la trithérapie est « un protocole thérapeutique associant trois antiviraux permettant de ralentir la multiplication du virus dans l'organisme. Se dit principalement des thérapies destinées à lutter contre le VIH. Dans le cas du traitement du VIH, une trithérapie consiste à associer par exemple un ou deux inhibiteurs de transcriptase inverse, à un ou deux inhibiteurs de protéase ». Depuis six mois, les structures en charge de ces malades enregistrent une rupture de stock de ce traitement, au moment où le directeur général du CHU d'Oran dénonce la découverte de l'équivalent de 281 millions de centimes de médicaments périmés au niveau du service infectieux. L'on apprendra à ce propos qu'une plainte contre X a été déposée par la direction en vue de mettre toute la lumière sur cette affaire. Pour leur part, les médecins maîtres-assistants, soucieux du sort et du devenir des malades, ont dénoncé, par écrit, les pratiques constatées dans leurs services. Ils parlent de dysfonctionnement dans la prise en charge des malades en général, plus particulièrement de ceux infectés par le VIH qui font l'objet « d'une prise en charge anarchique et inadéquate ». Ils dénoncent, par ailleurs, dans la lettre « afin de dissimuler ses insuffisances en matière de gestion des anti-rétroviraux, le chef de service s'est permis de distribuer à notre insu des anti-rétroviraux périmés aux patients infectés par le VIH ». Et de continuer : « Pour des raisons inexpliquées de ruptures répétées de stock des anti-rétroviraux au niveau local, les 150 patients ont fait l'objet de trois changements du schéma de la trithérapie, enfin pour aboutir à une bithérapie depuis le mois de février à ce jour. De telles attitudes sont très néfastes pour la bonne évolution des patients. » Plus grave encore, ce schéma, la bithérapie, d'après les spécialistes, n'est « pas recommandée comme traitement de première intention par le groupe d'experts ». Et de poursuivre : « Ces mêmes attitudes favorisent et activent la résistance du virus HIV, situation à laquelle l'Algérie ne s'est pas encore, il faut le reconnaître, préparée. » Dans cette même lettre, ces spécialistes demandent l'intervention en urgence du directeur général du CHUO, sachant que le traitement est disponible à l'échelle nationale. Le président de l'association de lutte contre le sida, qui s'est montré très indigné quant à la manière avec laquelle sont suivis ces sidéens, nous confiera : « C'est très grave ce qui se passe pour ces malades et c'est tout simplement un problème de gestion des médicaments. » Il dit dans ce sens : « Il vaut mieux ne pas se traiter du tout que de le faire avec cette forme, c'est-à-dire la bithérapie. » A. Inès, A. S. Ahcène