A l'initiative de la Direction générale de la Sûreté nationale, une journée d'étude sous le thème «L'organisation sécuritaire des rencontres sportives» s'est déroulée, jeudi dernier, au Hamiz, et ce, en présence du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, du général major et directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, du ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, des cadres de la DGSN et de la Gendarmerie nationale, d'experts étrangers venus de France et d'Espagne, des présidents de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, et de la Ligue de football professionnel, Mahfoud Kerbadj, des présidents de ligue et des dirigeants de club de football et des associations présentes sur le terrain dans la lutte contre le phénomène de la violence dans les stades. Dans son allocution, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a plaidé en faveur du «développement d'une autre vision de l'aspect sécuritaire à l'occasion des manifestations sportives», rappelant au passage que «face à ce fléau, la Sûreté nationale est obligée à intervenir seule sur le terrain en raison des insuffisances avérées et relevées des autres partenaires impliqués dans l'organisation de ces manifestations». Ould Kablia a pointé du doigt «le rôle négatif de l'environnement, le rôle insignifiant que tient l'encadrement (des clubs), l'absence de concertation entre les différents acteurs...» et bien d'autres choses encore. De son côté, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Tahmi, a qualifié la violence dans les stades de «phénomène étranger à notre société» et s'est réjouit du «recul de ce phénomène enregistré au cours des derniers mois» et a annoncé dans la foulée «la mise en place très prochainement de nouvelles dispositions (contenues dans la nouvelle loi sur le sport)». Un programme de prévention sera élaboré, a-t-il indiqué. Par ailleurs, le directeur général de la Sûreté nationale, M. Hamel, a mis l'accent sur «l'élargissement de la couverture sécuritaire par la DGSN des manifestations sportives avec une sécurité de proximité pour mieux lutter contre le crime organisé et transnational, en renforçant le partenariat avec les parties concernées (structures, instances, clubs...) et en donnant une nouvelle orientation à notre stratégie sans renier nos engagements en optant pour les meilleures politiques qui favorisent et garantissent la sécurité dans nos enceintes sportives». Il a donné aussi des chiffres sur la violence dans les stades. Au titre de la saison en cours, la DGSN a recensé 51 incidents qui ont entraîné 140 blessés, dont 111 dans les rangs des agents du service d'ordre et 40 véhicules, dont 22 de la Sûreté nationale, endommagés durant cette période. Il a exhorté «les responsables de club et de stade à prendre toutes les dispositions pour offrir de bonnes conditions d'accueil aux supporters». La nouvelle loi sur le sport établira les relations entre les différents acteurs et déterminera les missions et responsabilités de chacun. La DGSN aidera à la formation des stewards, par exemple, dans nos centres et mettra au service des clubs de Ligue 1 des agents de la DGSN qui aideront les clubs à mieux coordonner leurs actions surtout dans la préparation des déplacements et de l'orientation des supporters. Le président de la FAF, M. Raouraoua, a indiqué que «la violence dans les stades qui a pris des proportions inadmissibles menace directement le sport et le football» et mis l'accent sur «l'éducation qui constitue le premier rempart contre ce fléau». Le directeur du département de la sécurité publique de la ville de Lyon a présenté la politique prônée en France dans la lutte contre la violence dans les stades et mis en avant «la coproduction entre l'organisateur de la manifestation (club) et la police à travers une relation spécifiée». Il a indiqué, à titre d'exemple, que «la vente et le contrôle des billets, la protection des officiels de matches (joueurs, arbitres, journalistes) relèvent de la seule responsabilité du club». Il a indiqué «qu'un magistrat référent est présent à chaque match, qualifié à risques, qui décide sur place la suite à donner à l'arrestation d'individus impliqués dans les actes de violence et interpellés dans l'enceinte juste après l'incident». Il a souligné que «l'interdiction administrative prononcée contre un individu, auteur de troubles, a un effet dissuasif». Il faut rappeler que l'interdiction administrative, c'est d'empêcher légalement un supporter de suivre un ou plusieurs matches et que ce dernier doit obligatoirement se présenter dans un commissariat de police le jour du match et qu'il passera la durée de celui-ci au poste de police. C'est une dissuasion qui a prouvé son efficacité, a indiqué l'expert français. Sa collègue, responsable du département de l'organisation de la sécurité de l'Olympique Lyonnais, a indiqué que son club (OL) réserve 2 millions d'euros de son budget global, qui se chiffre à 150 millions d'euros, au chapitre de la sécurité. Elle a développé la stratégie de son club en matière de lutte contre la violence dans les stades. L'expert espagnol, invité à cette journée d'étude, Alfonso cororujo Gonzalez, coordinateur de la sécurité dans les stades de Navarre, s'est longuement attardé sur l'expérience de son pays en matière de lutte contre la violence dans le football. Mokhtar Boudina, représentant du MJS, a affirmé que «l'année 2013 sera l'an 1 de l'existence d'un dispositif de lutte contre la violence, et ce, grâce à la mise en place d'un cadre juridique. Alors que la loi 04-10 ne consacrait que deux articles à la violence, celle de 2013 (nouvelle loi) consacre un titre et deux chapitres à ce sujet, c'est-à-dire 14 articles. Cette loi délimite et précise les responsabilités de chaque partie. Un fichier national de personnes interdites d'entrée aux stades sera institué...». Mahfoud Kerbadj, président de la LFP, Abdelkrim Yahla, Abdelhakim Serrar et Abdelkrim Medouar, respectivement ex-présidents du WA Tlemcen, de l'ES Sétif et de l'ASO Chlef, ont parlé de leur expérience et de l'instauration du professionnalisme en Algérie. Abderrahmane Bergui, président de l'association Ouled El Houma, et Abdelkrim Abidat, président d'une association de jeunes, ont eux aussi parlé de leur expérience dans le domaine de la sensibilisation des jeunes. Parallèlement aux débats, un atelier a réuni plusieurs cadres de la DGSN et différents acteurs du football pour débattre des aspects de ce séminaire qui s'est clôturé par des résolutions qui, chacun l'espère, produiront l'effet escompté.