Encouragés par l'enthousiasme manifesté lors du rassemblement organisé le 14 mars à Ouargla, les chômeurs de Laghouat prévoient un autre sit-in que celui d'hier sur la place de Maâmoura, au chef-lieu de Laghouat. Avant de se disperser dans l'ordre, les jeunes manifestants ont entonné l'hymne national et après ils ont fait une halte avant de se réunir sur la placette pour écouter les discours des organisateurs. La procession a rallié la place Moukaouama, dans un quartier de Laghouat. En chemin, de nombreux passants se sont arrêtés pour encourager les jeunes manifestants. Certains ont montré leur approbation en se joignant aux manifestants. Les nombreux drapeaux nationaux portés par les jeunes participants donnaient une signification particulière à l'unité nationale. Ce fait a été très positivement commenté par tous ceux qui se trouvaient aux abords de routes ralliant Maâmoura au centre-ville de Laghouat «à dire non à tout ce qui nous divise», a crié un passant. Les jeunes manifestants se sont rassemblés dès le matin, estimant que le rassemblement du jour et celui organisé à Ouargla au cours de ce mois sont un message d'espoir pour une nouvelle ère au Sud. «Nous voulons d'une ère propre au Sud, sans corruption, sans hogra et où il y aura une égalité des chances», déclarent-ils. «Ce rassemblement était préparé et accessible sur facebook.» Parlant de la marginalisation des jeunes du Sud, les manifestants ont concrétisé tout ce qui s'est déroulé entre eux, ils expriment leurs revendications sociales mais ont tenu également à répondre au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui accusait les jeunes du Sud «d'appliquer un agenda politique décidé de l'étranger». Les jeunes chômeurs qui expriment leur mécontentement contre le gouvernement, ce dernier les qualifie d'«émeutiers», de «délinquants», de «casseurs», voire de «voleurs» et de «pilleurs», sans distinction. Ils s'organisent de manière méthodique, choisissent des points-clés. «On espère que le Premier ministre changera d'appréciation, nous ne sommes pas un groupuscule manipulé comme il le dit, mais bien une force qui revendique simplement les mêmes droits que nos jeunes concitoyens du Nord», ajoutent-ils. Dans la foulée, les manifestants ont scandé «Droit au travail pour les jeunes du Sud», «non à l'exclusion sociale», «non à l'esclavagisme des temps modernes», «non à la manipulation politique de nos revendications». Belkassem Khencha, coordinateur du Comité national de défense des droits des chômeurs, nous a déclaré : «Dans un pays comme l'Algérie qui compte un sud très riche, normalement, il n'y a pas de place pour une politique d'austérité aveugle. Il n'y a pas de place pour la pauvreté. Il n'y a pas de place pour un taux de chômage aussi élevé. Nous voulons plus d'investissements dans les dépenses sociales. Plus d'investissements dans les emplois verts. Nous voulons une économie durable. Nous voulons des emplois pour les jeunes, notamment les jeunes du Sud.» Et d'ajouter : «Les politiques d'austérité sont une absurdité, ce sont des politiques contreproductives.» Selon un communiqué rendu public la veille du rassemblement, les initiateurs de cette action résumaient leurs revendications : priorité dans le recrutement au sein des compagnies pétrolières et gazières implantées sur la zone industrielle Hassi R'mel aux jeunes de Laghouat, mise en place de crédits sans intérêt pour les jeunes désirant lancer leur start-up, création de centres de formation professionnelle, suppression des sociétés privées chargées du recrutement et obligation pour les société pétrolières de passer désormais par l'ANEM pour tout recrutement.