Au troisième jour du cycle de conférences-débats initié par les étudiants de l'université de Tizi Ouzou pour commémorer le 26e anniversaire du printemps berbère, Ferhat Mehenni, leader du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), a revisité, hier matin, les événements du 20 avril 1980, face à un auditoire estudiantin très attentif. Le conférencier, ayant lui-même participé à la lutte pour la consécration des revendications identitaires depuis les années 1978, trouve que « nous avons pris les chemins les plus sinueux pour chercher après nous-mêmes ». Au sein des premiers émigrés installés en France au début du siècle passé, qui « étaient soumis aux prismes déformants des idéologies dominantes : le marxisme et le nationalisme jacobin », l'orateur décèle « l'une des origines du paradoxe kabyle : à la fois fier de son identité et complexé de l'affirmer face à autrui ». Mais, retient M. Mehenni, « l'onde de choc du printemps berbère avait généré dans notre pays le mouvement des droit de l'homme, ensuite octobre 1988 qui a donné naissance au multipartisme ». Plus loin, l'orateur affirme que « les luttes fratricides entre démocrates kabyles ont empêché une avancée conséquente du combat démocratique et de la modernité » et, sur sa lancée, il précise que l'arrêt du processus électoral de décembre 1991 n'arrangeait que le régime. Le leader du MAK, tout en égrenant l'argumentaire de son option autonomiste, prévient qu'« un nouveau plan est échafaudé par le régime algérien contre la Kabylie pour la disloquer, y dissoudre les réseaux de solidarité en la livrant à l'insécurité et en réalisant une alliance stratégique avec les islamistes ».