Si certains qualifient de fait divers le vol par effraction de matériel informatique, commis vendredi dernier dans quelques bureaux de la cour d'Alger, d'autres, et en l'absence de communication officielle qui mettra fin aux spéculations, vont loin dans leurs analyses, avançant des thèses de «règlement de comptes» ou de «dissipation volontaire de dossiers compromettants liés aux affaires de corruption». Devant le silence incompréhensible des autorités sur les circonstances du vol ayant ciblé des bureaux de la cour d'Alger, les interprétations les plus folles ont été faites. Certains parlent d'opérations organisée ayant pour but de subtiliser les dossiers liés à la corruption, d'autres affirment qu'il s'agit de règlements de comptes entre des clans au pouvoir qui ont un lien direct ou indirect dans les scandales de Sonatrach. Cependant, des sources judiciaires déclarent qu'il s'agit «d'un simple fait divers qui ne nécessitait même pas un communiqué». «Le vol a eu lieu dans quelques bureaux du rez-de-chaussée, puis au 1er étage. Filmé par les caméras de surveillance, l'auteur a profité d'un moment de relâchement du personnel de la sécurité entre policiers et gardes de la ‘pénitentiaire', pour escalader le mur et voler 5 écrans de micro-ordinateurs et une caisse à outils des bureaux de l'administration générale. Il est certain que cette personne n'a pas agi seule, l'enquête actuellement en cours au niveau de la police judiciaire déterminera toutes les responsabilités. Il est cependant important de signaler que cet acte, qui relève du droit commun, n'a eu aucune répercussion sur le fonctionnement de la cour ou des tribunaux qui lui sont rattachés.» Au-delà de la nature des objets subtilisés ou de l'objectif recherché par les voleurs, ce sont les conditions dans lesquelles cet acte a eu lieu qui suscitent de lourdes interrogations. Censée être une tour infranchissable eu égard à son caractère stratégique, le siège de la cour d'Alger est une véritable aberration architecturale. Construit durant les années 2000, sa conception et son emplacement ne répondent à aucune norme de sécurité. Des évasions de détenus aux opérations de vol par effraction, en quelques années seulement, la cour d'Alger est devenue un vrai casse-tête pour ses gestionnaires. Les concepteurs de cet ouvrage de l'Algérie indépendante n'ont pas prévu de bureaux pour les avocats ni un parking à la hauteur de l'importance de la structure. Ce qui a suscité la réaction des membres du conseil de l'Ordre qui avaient, rappelons-le, lancé une grève en signe de protestation. Plus grave. En absence de dépendance pour les détenus, ces derniers sont obligés de se frayer un chemin parmi les nombreux citoyens qui remplissent les salles d'audience, escortés par des policiers sans arme. Les juges sont souvent mis dans la gêne par une file d'accusés ou de prévenus (en détention) faisant les va-et-vient dans les salles qui dans, leur majorité, ne sont pas reliées aux geôles, ou dans le meilleure des cas ont une ouverture sur un espace de quelques mètres carrés ne disposant d'aucune aération. Pour les policiers, assurer la sécurité lors des présentations ou des procès devient un vrai calvaire, dans ce bâtiment de 8 étages, doté de deux ascenseurs, dont un pour les chefs de la juridiction, et un autre pour le personnel, les avocats, mais aussi les détenus qui souvent le partagent avec les autres. Une défaillance en matière de sécurité qui a permis à certains de prendre la fuite. En effet, à deux reprises, des détenus ont réussi à franchir la sortie du bâtiment, en dépit de la présence assez renforcée des policiers. Même désespérés dans la mesure où ils ont été arrêtés quelques heures plus tard, ces actes ont été facilités par la conception de la structure qui ne répond pas aux normes de sécurité imposées en matière de construction de tribunaux et cours.