C'était prévisible. Chemin de Halima, la fiction du Croate, Arsen Anton, a décroché, samedi soir, le Grand Prix du 19e Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan, au nord du Maroc. Tétouan ( Maroc) De notre envoyé spécial Le jury, présidé par la productrice italienne, Grazia Volpi, a décidé de récompenser un film intense. «Un film de grande qualité. Film réussi et moderne», a soutenu Grazia Volpi. Chemin de Halima revient avec poésie et finesse sur la guerre des Balkans et le déchirement inter-religieux du débat des années 1990. Autre film de valeur, Au-delà des collines, du Roumain, Cristian Mungiu, a reçu le prix Mohamed Reggab, prix spécial du jury. Distinction méritée, tant cette fiction, profondément humaine, force le respect. C'est l'histoire d'Alina, une orpheline qui revient d'Allemagne où elle travaillait, vers un village roumain où vit son amie d'enfance, Voichita. c'est la seule personne qu'elle connaît au monde. Le retour sera pénible. Le prix Azzedine Meddour de la première œuvre a été attribué à l'Italien, Giovanni Piperno, avec Le cose belle (les belles choses), un docu-fiction. L'attribution de ce prix a été critiqué dans les coulisses du festival, tant ce film modeste, qui suit le quotidien de jeunes Napolitains, ne méritait pas, sur tous les plans, tant d'égards. Le jeune comédien marocain, Younès Bouab, a décroché le prix de la meilleure interprétation masculine pour son rôle de Amine Bertal dans Zéro, le long métrage de Noureddine Lakhmari. Le même film a obtenu le prix du public aussi. «Je suis content de ce prix du public. Zéro est sorti, ici, au Maroc depuis plus de deux mois. Il y a eu un certain succès populaire grâce au travail de Noureddine. Les gens attendaient la suite du film Casanegra. Nous avons été sincères dans notre démarche. Le public aime nos films. Le centre du film est le rapport père/fils. Nous avons fait de belles scènes avec le regretté Mohamed Majd. Je pense que le public adhère à ce rapport dur, amour/haine. Il y a aussi le langage cru», nous a déclaré Younès Bouab. L'acteur espagnol, José Sacristan, a reçu une mention spéciale pour l'excellent rôle de Santos dans El Muerto y ser feliz (Le mort et être heureux) de Javier Rebollo. La Croate, Olga Pakalovic, a été consacrée meil leure actrice pour son rôle de Safia dans Le chemin de Halima. La jeune comédienne tunisienne, Nour Mziou, a obtenu une mention spéciale pour son jeu assez correct dans Manmoutech (Mille feuilles pour le nouveau titre en français), une fiction de Nouri Bouzid. Côté courts métrages, le Grand Prix est revenu au jeune Turc, Onur Yagis, pour son film Patika (Chemin de campagne). «Je suis absolument ravi d'obtenir ce prix pour mon premier festival et pour mon premier film. C'est également la première fois que je visite le Maroc. Le film s'est fait après beaucoup de doutes. J'espère qu'il vivra longtemps. C'est l'histoire d'un père et d'un fils qui font le même trajet chaque jour, mais ont un seul vélo pour le faire », a précisé Onur Yagis. Le prix de l'Innovation a été attribué au court métrage espagnol Anacos (Tranches ) de Xacio Bano, un film frais et actuel, et une mention spéciale a été donnée au film grec 45 degrés de Georgis Grigorakis. Idem pour le jeune documentariste algérien, Lamine Ammar Khodja, qui a obtenu une mention spéciale pour son film Demande à ton ombre (Seksi khialek). «Je suis content pour cette première récompense dans le monde arabe. Cela veut dire que le film a parlé, ici, à Tétouan. C'est sa première participation au Maghreb. Le film a été déjà projeté à Dubaï, aux Etats-Unis et en Europe. En Algérie, le film n'a pas été projeté, mais je pense qu'il est programmé pour les rencontres cinématographiques de Béjaïa en juin prochain», a souligné Lamine Ammar Khodja. Metran men hada al turab (Deux mètres de cette terre), du réalisateur palestinien, Ahmed Natche, a remporté le Grand Prix dans la section documentaire, alors que Comme des lions de pierre, d'Olivier Zuchuat , a reçu le prix spécial du jury. Le film documentaire libanais de Rania Raief 74, reconstitution d'une lutte, a décroché le prix de la Première œuvre. Ce film revient sur la grève des étudiants à l'université américaine de Beyrouth en 1974, pour protester contre la hausse des frais de scolarité. En coordination avec l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), représentée à Tétouan par Nabila Rezaïg, chef du département cinéma, la direction du Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan a rendu un hommage particulier au septième art algérien à travers la projection d'une dizaine de films et l'organisation d'un débat.