A la fin des années 1990, Internet a constitué un filon d'or pour nombre d'investisseurs, notamment par le biais de la création de microentreprises. En 2005, un fournisseur d'accès ADSL comptait plus de 200 de ces établissements parmi sa clientèle. Et c'est un créneau qui a tenu le haut du pavé dans la catégorie des prestations de services, nous indique-t-on. Mais, depuis, cette corporation est passée par des périodes difficiles, que cela soit à Tizi Ouzou ville ou dans les régions montagneuses, poussant nombre d'établissements à mettre la clé sous le paillasson. Les tarifs jugés trop chers et la mauvaise qualité de la connexion ont fait fuir une clientèle qui a appris à être exigeante. A ce sujet, le responsable d'une médiathèque de la ville de Tizi Ouzou nous dit : « Aujourd'hui, pour rentabiliser un tel investissement, il faudra s'ingénier à diversifier ses offres et ne pas se contenter de la connexion à Internet. Pour notre cas, nous fournissons des formations diverses. Et une forte demande s'exprime de la part des jeunes gens, notamment les femmes et les enfants exclus du système éducatifs. » Du point de vue de la loi, cette prestation est tout à fait légale car « notre registre du commerce indique une prestation de services informatiques », précise notre vis-à-vis. Les clients s'adonnent, aussi « à la tchatche et au téléchargement de données et documentation ». Mais l'instabilité du débit de la connexion ou sa rupture intempestive « fait fuir des clients qui ne renouent que difficilement avec leurs habitudes », ajoute notre interlocuteur. Une employée de cybercafé, disposant d'une dizaine de postes, lance : « Nous avons connu des problèmes de connexion ADSL et cela a duré plusieurs jours. Mais à présent, tout est rentré dans l'ordre. » « Ce que nous avons remarqué, ajoute-t-elle, c'est que nous avons perdu quelques clients au fait que de plus en plus de gens possèdent Internet haut débit à domicile. Et ils sont très nombreux en raison de l'entrée de nombreux fournisseurs en la matière. » Avec la défection de cette clientèle autrefois fidèle, « les finances en prennent un coup. Je connais des propriétaires de cybercafé qui ont tout simplement fermé boutique », tient à dénoncer notre interlocutrice. Le jeune O. Akli, quant à lui, est un peu plus chanceux. Ingénieur en électronique, il a ouvert un cybercafé en 2004 dans la périphérie immédiate de l'université Mouloud Mammeri, avec la formule Ansej. Aujourd'hui, il offre nombre de services à une clientèle, estudiantine dans sa majorité : scanner, saisie de documents et impression, gravure sur CD, photocopie et connexion à Internet, etc. « Mais, fait-il remarquer, l'investissement reste fragile. En sus des charges exorbitantes, la déconnexion intempestive est parfois quotidienne et survient à toute heure. Le fournisseur, la ligne téléphonique ou le terminal, allez savoir où se trouve le problème... » Coût variable de la connexion Pour l'heure, il n'existe pas d'association à même de défendre les intérêts de cette corporation. Quant aux tarifs, chacun fait à sa guise pour se retrouver avec un coût horaire variant du simple au triple. Lors d'une tournée dans la ville de Tizi Ouzou, nous trouvons la connexion affichée entre 40 et 60 DA/h, alors qu'une virée dans les régions montagneuses, cela atteint parfois les 70 DA avec une moindre qualité. « Il est souhaitable d'avoir un débit de 512 kilos octets/s mais le prix est plus qu'onéreux : 35 000 DA/mois », note ce gérant qui observe aussi : « Des familles utilisent Internet pour entrer en contact avec leurs proches résidant à l'étranger. Avec une webcam, une personne peut parler avec son vis-à-vis à moindre frais. » Mais pour notre interlocuteur, la clientèle la plus fidèle reste la communauté estudiantine, qui télécharge de la documentation pour les besoins de la recherche. « Le premier contact à établir avec une université étrangère reste son site où il est loisible de télécharger des formulaires de préinscription », nous dit une jeune diplômée de l'université Mouloud Mammeri. « Le courrier électronique n'est utilisé que par la communauté étrangère ou pour contacter des correspondants résidant hors du pied. La frénésie d'il y a quatre ou cinq ans a disparu. Pour les contacts locaux, le téléphone portable semble supplanter le recours à l'e-mail », fait remarquer notre interlocuteur. Agacé par la mauvaise tournure et les déviances observées chez une minorité d'établissements, il affirme : « Régulièrement, nous recevons des visites d'inspection des services de la direction du commerce et de l'inspection du travail au sujet de nos offres de services et conditions de travail. Cela est bien perçu, car l'on nous pousse à une meilleure offre et conduira immanquablement, à la décantation au sein de la corporation. » Un avis partagé par d'autres gérants qui « interpellent les services de sécurité pour mettre de l'ordre dans ces lieux. D'autant que, de plus en plus, de parents viennent en compagnie de leurs enfants pour se connecter. » Quant à l'idée de créer une association de propriétaires de cybercafés ayant germé il y a quelques mois au sein de quelques propriétaires, l'initiative n'est pas encore concrétisée, remarque-t-on.