Après l'Institut du monde arabe, à Paris, où elle a eu lieu l'année dernière, l'exposition de designers algériens fait escale, cette fois à Alger, jusqu'au 28 avril, au Bastion 23. La présente exposition est organisée par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), en partenariat avec le Centre des arts et de la culture du Palais des Raïs. L'exposition de designers algériens avait eu lieu, en effet, une première fois au Mobile Art Institut du monde arabe (IMA) du 12 juin au 16 septembre 2012, dans le cadre du programme multidisciplinaire de célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, en partenariat avec l'IMA. Ce rendez-vous, dédié au design algérien, a été très apprécié par le public et les médias français. En tout, ce sont pas moins de vingt-trois designers, dont douze créatrices, qui se proposent de livrer des installations, des objets ou encore des tenues vestimentaires. Chaque artiste a fait preuve d'originalité en proposant des créations personnalisées avec, parfois, une touche d'extravagance voulue. Façon singulière d'apposer une signature ou encore un label. Un design «made in Algéria» est à l'honneur aux deux niveaux du Bastion 23, mettant en premier plan une nouvelle génération de designers au don certain. Pour le commissaire de cette exposition, Zoubir Hellal, «nos designers ne veulent plus regarder le monde du mobilier avec le prisme des images fixes, parce qu'ils ont accès à un monde de langage numérique et virtuel. Aujourd'hui, ils disposent de l'interactivité de la machine, c'est ainsi qu'ils construisent l'histoire d'un art qui leur est plus perceptible. Ils revendiquent aisément leur statut de designer et se nourrissent, par instinct, dans la pluralité de la consommation des images du monde. Ils regardent moins souvent la télévision, mais voyagent fréquemment à travers l'univers virtuel de l'Internet, pour y découvrir un monde dissemblable et coloré, distinct de celui auquel ils appartiennent. Ils s'informent en temps réel sur l'actualité de leur profession, utilisent les techniques contemporaines de représentation en 3D, ce qui leur confère une désinvolture pour fonder leur expression, et leur imaginaire prend alors toutes ses formes». Le visiteur est invité à découvrir environ une soixantaine d'objets oscillant entre originalité et modernité. Le style volontairement démodé est également présent. Diplômé de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger et détenteur d'une agence de design et d'architecture intérieure, Réda Ighil propose un «sni», un grand plateau avec un éclairage. L'artiste a gardé la matière du cuivre, tout en lui greffant du plexigas. Comme il l'explique si bien : «Le sni est juste suggéré. Il souligne un côté intemporel», explique-t-il. Egalement diplômé de l'Ecole des beaux-arts d'Alger, depuis 1996, en design aménagement, Souad Dilmi Bouras présente un tabouret en bois tourné appelé «Tam», réalisé en 2007. La forme de ce tabouret est des plus fantaisistes et les deux couleurs choisies, en l'occurrence l'orangé et le gris judicieusement choisies. Faïza Hafiane présente une chaise en bois en forme de violon baptisée «Three Quater». Feriel Gasmi Issiakhem exhibe une commode utilitaire, se déclinant en un caisson orné de cuir. L'univers de la haute couture est bien présent avec Rym Ménaifi, qui propose des karakous et des bedrounes aux découpes épurées et aux perlages scintillants. Zino Touafek dévoile quelques modèles de sa toute dernière collection de haute couture, axée sur le thème des amazones. Cette exposition de design algérien est tellement intéressante que le déplacement est conseillé à plus d'un.