Inspiration - Le design algérien est à l'honneur à travers une exposition qui se tient actuellement au Palais des Raïs (ex-Bastion 23). S'étalant jusqu'au 28 mai, cette exposition collective regroupe une vingtaine d'artistes, tous versés dans le design et en majorité diplômés de l'Ecole supérieure des Beaux-Arts. Ainsi, l'exposition, selon Zoubir Hellal, commissaire de l'exposition, vise à «faire découvrir comment les jeunes designers algériens symbolisent les principes de la diversité de l'objet et comment ils les associent aux normes de la consommation et de la modernité». Elle présente une cinquantaine de pièces – fauteuils, chaises, meubles de rangement, tables et autres objets décoratifs – inspirées du patrimoine culturel algérien ou de thématiques urbaines. Placée sous le concept «Mobile art», l'exposition propose, à travers les artistes et les plasticiens, des lignes épurées et des formes stylées ou des dimensions simplement symboliques, une vision alliant confort et plaisir esthétique, où s'exprime une grande variété de lignes et de formes. Nabila Kalache propose un tapis en laine et coton tissé main, auréolé de cercles géométriques multicolores ; Souad Delmi Bouras présente des tabourets et une table en bois ; Leila Mammeri s'est inspirée des motifs géométriques de la culture amazighe dans un grand meuble de rangement en bois et plexiglas ; Reda Ighil expose une table basse typiquement algéroise : le plateau est en cuivre, tandis que les pieds sont en plexiglas ; Adam Selmati propose, pour sa part, de rapprocher, de faire coïncider l'univers de l'automobile avec celui de la décoration d'intérieur dans un siège en tôle rouge vif, tenu par un ressort d'amortisseur qu'il a nommé «greffe» ; Abdelhalim et Samir Hamiane suggèrent des lampadaires ou luminaires ; Mouna Boumaza, Faïza Hafiane, Adila Kacer, Kenza Mébarek, Reda Semi proposent des chaises. Feriel Gasmi-Issiakhem, de son côté, propose une armoire aux lignes décalées. Autant d'objets et d'accessoires, hétéroclites, parfois surréalistes et fabriqués avec l'aide d'artisans sur une idée originale, voire audacieuse de chaque designer sur la base de différents matériaux : bois, plexiglas, cuir, céramique..., attirent l'attention, suscitent l'admiration tant par leur forme insolite, par leur composition inhabituelle ou par leur couleur recréée. En outre, toutes ces créations, artistiques et utilitaires à la fois, font référence à la culture algérienne et sont un clin d'œil au patrimoine. Par ailleurs, d'autres artistes à l'exemple de Karim Sifaoui et Zinnedine Touafek explorent le design de la mode à travers des vêtements traditionnels (bedroun, karakou) chez le premier, plus modernes chez le second. La singularité de cette exposition tient dans le principe que ces designers ne renient pas leurs origines culturelles ou patrimoniales, mais s'inspirent parallèlement de nouvelles formes. Tous développent un concept de création, mobilier ou vestimentaire, qui joue sur le mélange des matières et des références : modernes et anciennes. Organisée par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), cette exposition a été montrée pour la première fois à l'Institut du monde arabe de Paris (Ima) entre juin et septembre 2012.