Pour un accueil chaleureux, Zineb Labidi avoue ne pas s'y attendre. « Un moment où j'ai retrouvé une famille, la vraie, dans une ville dont je garde pour toujours des empreintes indélébiles », a-t-elle déclaré dans une rencontre avec la presse. Il faut dire que la rencontre organisée, jeudi dernier, par la librairie Média Plus à l'occasion de la sortie de son livre Kan ya ma kan, l'Algérie des conteuses a drainé un public nombreux, surtout parmi ses amies et anciennes camarades de classe du lycée El Houria (ex-Laveran). L'enfant de la petite ville de Meskiana, dans la wilaya d'Oum El Bouaghi, ancienne normalienne et enseignante à l'Université d'Alger est à son quatrième ouvrage après La balade des djinns, roman publié en 2004 aux éditions Casbah, Passagères, nouvelles parues aux éditions Marsa en 2000 et Contes algériens écrits avec Christiane Chaulet Achour, édités par l'Harmattan en 1989 avant d'être publiés par Media Plus en 1993. Une première expérience du conte algérien avant de se lancer dans une autre aventure littéraire avec un souffle plus soutenu. « Ecouter des contes a toujours été une partie du vécu populaire ». Ce sont ces contes qu'elle aura la passion de rassembler, de traduire de l'oral à l'écrit, de travailler, d'adapter et d'analyser avant de les proposer aux lecteurs. Des contes de toutes les régions de l'Algérie, où la femme est toujours celle qui assume le devoir de transmission. Pour Zineb Labidi, l'intérêt porté pour la littérature populaire, patrimoine commun, réside non seulement dans son originalité mais aussi dans sa fragilité. « Un patrimoine en voie de disparition parce qu'il demeure le maillon faible de la chaîne de transmission », rappelle-t-elle en citant Mouloud Mammeri. L'ouvrage de Zineb Labidi dégage aussi un plaisir esthétique, bien raffiné parfois, à manier des contes qui fixent l'imaginaire, le temps et les lieux. 26 contes, beaux, originaux et d'une particularité algérienne frappante qui se manifeste surtout grâce aux effets d'une construction cohérente, bien adaptée et instructive à travers laquelle se dessine derrière les murs et entre les lignes tracées sur les pages, une intelligence féminine, à saisir et surtout à méditer.