Le Front Polisario ne fait pas la fine bouche par rapport au «lifting» du projet de résolution américain sur la Minurso qui a été expurgée d'une clause autorisant celle-ci d'enquêter sur les droits de l'homme. C'est en tout cas le sentiment de son représentant à l'ONU, Ahmed Boukhari, qui a au contraire salué, hier, l'initiative des Etats-Unis qui constitue, d'après lui, «un grand soutien à la lutte pour la liberté du peuple du Sahara occidental occupé». Dans un entretien accordé à l'APS, l'ambassadeur sahraoui a estimé que le mérite de cette initiative «réside dans le fait que les Etats-Unis prennent, particulièrement, en considération la question des droits de l'homme du peuple sahraoui, tout en insistant qu'il ne devrait pas y avoir deux poids, deux mesures sur cette question». Pour Mohamed Boukhari, l'initiative américaine «restera dans le radar aujourd'hui et demain et ne va pas disparaître dans le cadre du suivi par le Conseil de sécurité de la situation des droits de l'homme au Sahara occidental qui sont bafoués d'une manière systématique et cruelle par le Maroc». Bien que le projet de résolution, qui sera voté aujourd'hui, ne mentionne plus expressément la surveillance des droits par la Minurso, cela n'en constitue pas moins une «victoire morale» pour la cause sahraouie et la résistance du peuple dans les territoires sahraouis, selon M. Boukhari.Pour le représentant du Polisario à New York, l'initiative «a jeté toute la lumière» sur la question des droits de l'homme des Sahraouis et a relevé «l'urgence» pour l'ONU de protéger ces droits avec les moyens qui sont disponibles pour toutes les missions de paix existantes. Il est à rappeler que les Etats-Unis avaient proposé au Groupe des Amis du Sahara occidental (Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Espagne) un avant-projet de résolution stipulant l'introduction de l'instrument de la surveillance des droits de l'homme au sein de la Minurso qui demeure la seule mission de la paix de l'ONU qui n'est pas dotée de ce mécanisme. Mais le lobbying du Maroc soutenu par ses alliés, la France et l'Espagne, ont fini par aboutir à un compromis qui semble plus au moins satisfaire les deux parties. S'il est vrai, en effet, que la résolution ne donne pas mandat express à la Minurso pour enquêter sur les droits de l'homme, il est aussi vrai que plus rien ne sera comme avant. Le texte revu et corrigé devrait ainsi insister sur le respect des droits de l'homme et inviter les autorités marocaines à plus de retenue. Le royaume sera désormais sous la loupe non seulement des ONG des droits de l'homme, mais également des Nations unies. En cela, la résolution s'apparente à un dernier avertissement verbal.