S'il y a un domaine où nos clubs ont beaucoup à faire et à gagner, c'est sans nul doute dans celui du merchandising. A chaque finale de Coupe d'Algérie, les clubs finalistes mesurent l'ampleur de leur impuissance devant le phénomène de la vente de maillots et autres produits dérivés qui vont gonfler les poches de petits malins jamais à court d'idées et d'initiatives lorsqu'il s'agit de «faire des affaires» quand l'aubaine se présente. Une finale de Coupe d'Algérie est une opportunité à nulle autre pareille pour vendre aux supporters une panoplie de produits (maillots, survêtements, écharpes, banderoles, casquettes, ballons, écussons, pinces…) qui représentent une source de rentrées d'argent pour les clubs. C'est le merchandising. Il est très répandu en Europe. Il représente une source de revenus importante pour les clubs professionnels. Selon des estimations fournies par l'association des clubs les plus riches d'Europe, le merchandising rapporte plus de 631 millions d'euros par an. C'est énorme. Conscients de l'importance de ce que représentent les rentrées d'argent dans ce domaine, les clubs pros se sont préparés pour bien protéger leurs intérêts. A la faveur du caractère commercial de l'association, les clubs pros sont bien protégés. Le sigle et tout ce qui va avec sont une marque protégée et déposée. Nul, en dehors du club, n'a le droit de commercialiser des produits à l'effigie du club. Celui qui le fait encourt des poursuites judiciaires et de fortes amendes. Dans le même registre, les clubs ouvrent leurs propres boutiques et ont donc pignon sur rue. En Algérie, rien de tout cela n'existe. La législation en la matière n'est pas trop regardante vis-à-vis de ce «commerce de pacotille», comme le qualifient certains agents de contrôle des services des impôts. Le laxisme des clubs en la matière fait le reste et le lit de ce commerce fort juteux. Qui retient les (grands) clubs algériens à établir un contrat en bonne et due forme avec un équipementier local, un fournisseur, pour confectionner maillots, écharpes et tout autre produit dérivé pour les mettre en vente dans des locaux et boutiques identifiés et récupérer les dividendes qui iront dans leurs caisses ? Le laxisme des clubs dans ce domaine favorise le marché informel du merchandising, qui échappe totalement au contrôle des services des impôts et des principaux concernés (clubs). A titre indicatif, la vente des maillots sportifs en Europe a faire rentrer plus de 17 millions d'euros dans les caisses des clubs en 2010. Les équipementiers majors sur la place (Adidas et Nike) se partagent le marché des grands clubs et leur distribuent entre 1,5 million d'euros (Real Madrid, Manchester United) et 800 000 euros pour ceux qui dominent le football sur le vieux continent. Pour multiplier leurs gains, les clubs ont trouvé l'astuce. Ils ont opté pour deux, trois, voire quatre maillots par saison (à domicile, à l'extérieur, en Coupe d'Europe). Un maillot coûte entre 60 et 80 euros qu'il faut alors multiplier par 3 ou 4. Pour le moment, les clubs algériens n'ont pas cette culture. La leur consiste à vivre aux crochets du contribuable, de l'argent du Trésor que les pouvoirs publics leur versent sous forme de subventions. C'est l'assistanat. L'informel fait le reste. L'équipementier (français) le Coq Sportif a vérifié à ses dépens combien il était difficile de contrôler ce marché. A la veille de la CAN-2004 organisée en Tunisie, flairant le «bon coup», des Algériens sont allés commander le maillot algérien en Chine vendu, à l'époque, à 400 DA. Le maillot officiel coûtait l'équivalent de 60 euros. Le Coq Sportif ne s'est jamais relevé de ce coup de poignard dans le dos. Il n'y a eu aucune poursuite contre ceux qui ont gagné le gros lot sans être inquiétés.