Malgré le dynamisme insufflé par le développement des gaz de schiste en Amérique du Nord, les perspectives des marchés demeurent moroses. Selon le dernier rapport de l'association Cedigaz siégeant à Paris, les marchés traditionnels du gaz sont irrémédiablement atones. La crise de la zone euro étant passée par là, l'Europe est particulièrement touchée. Ce qui n'est pas sans effet sur le commerce global du gaz, que ce soit sur le marché du gaz naturel liquéfié (GNL) ou bien sur celui plus traditionnel des gazoducs. Ainsi, le commerce interrégional par gazoduc, dominé par les livraisons de gaz russe vers l'Europe, a fortement chuté en 2012 de 3,8% pour un volume d'échanges de 701,5 milliards de mètres cubes. Cette baisse a principalement été causée par le repli de l'activité en Europe et dans la Communauté des Etats indépendants (CEI) qui concentrent ensemble la plus grande partie des flux gaziers internationaux. Pour le GNL, le marché asiatique pousse certes la demande, mais il n'échappe pas non plus à la baisse. L'offre mondiale de GNL a ainsi reculé de 2,2%. Globalement, le commerce international du gaz a ralenti de 0,8% pour un volume d'échanges de 1015 milliards de mètres cubes. Cedigaz précise aussi que dans un environnement caractérisé par «des incertitudes dans le climat économique, des tensions géopolitiques et des problèmes de sécurité dans les pays arabes», la consommation de gaz naturel n'a augmenté que très lentement. Ainsi, selon le document datant de quelques jours, la consommation globale de gaz naturel s'est établie à 3348,7 milliards de mètres cubes, soit une petite hausse de 2,2% par rapport à 2011. Il n'en demeure pas moins que ce taux de croissance est inférieur à la moyenne des dix dernières années à 2,7%. D'ailleurs, en 2001, la consommation avait crû de 2,8%. Aussi et en raison du développement rapide des gaz de schiste, de nombreux producteurs traditionnels ont dû faire face à certaines difficultés, notamment à cause d'une concurrence de plus en plus agressive. Néanmoins, trois facteurs ont continué à soutenir la consommation de gaz naturel dans le monde en 2012. Il s'agit, selon Cedigaz, de l'impact sur la demande de gaz de la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon, la dynamique et les perspectives de demande à long terme des pays émergents et le boom du gaz non conventionnel américain qui renforce la compétitivité du gaz. Ces facteurs ont d'ailleurs eu également un impact sur les marchés régionaux où les disparités sont de plus en plus marquées, ce qui s'illustre par une divergence croissante entre les prix sur les trois principaux marchés régionaux (Amérique du Nord, Europe et Asie-Océanie). Cedigaz précise ainsi que la consommation est en hausse de 2,1% dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), sous l'impulsion des Etats-Unis (+4,4%) et du Japon (+11%), tandis que dans les domaines émergents du Sud, la hausse est de 5,5%. En revanche, la consommation de la CEI a fortement diminué de près de 2%, tandis que la consommation de gaz de l'Union européenne a poursuivi son déclin pour la deuxième année consécutive (-3%), bien que plus lentement qu'en 2011 (-8%). Du côté des producteurs, Cedigaz note tout naturellement que l'Amérique du Nord a renforcé son leadership en tant que producteur et consommateur grâce au développement des gaz de schiste, alors que la CEI était la seule région montrant une diminution de la production (-1%).