Une rencontre entre la partie algérienne et l'actionnaire majoritaire d'ArcelorMittal Annaba a eu lieu mercredi dernier en vue d'une recapitalisation de l'entreprise. Une source proche du ministère de l'Industrie a confirmé que l'Etat algérien prendra, dans quelques semaines, le contrôle de la gestion du complexe sidérurgique d'El Hadjar. Révélée en février dernier par El Watan, l'opération de recapitalisation du complexe sidérurgique d'El Hadjar se confirme. L'annonce officielle de cet important événement est prévue dans quelques semaines par le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Cherif Rahmani, l'initiateur de cette opération, révèlent des sources proches de son département. Le dossier ficelé est actuellement sur le bureau du Conseil national économique pour approbation. Contactée, une source proche de la direction générale d'ArcelorMittal Annaba a confirmé l'information, attestant qu'une rencontre entre les deux parties a été tenue, mercredi dernier, à l'usine de Annaba. Après la finalisation du plan industriel du complexe sidérurgique d'El Hadjar, une feuille de route a été établie par les deux parties, ArcelorMittal Annaba (AMA) et le groupe Sider. Selon ce document – dont El Watan dispose d'une copie – cette opération prévoit une recapitalisation d'ArcelorMittal Annaba dont la majorité est au profit de l'Etat algérien. En effet, 51% des actifs seront détenus par l'Etat algérien dont 46% par le groupe Sider et 5% pour le Fonds national d'investissement (FNI). 49% des actifs restants seront détenus par AMA, filiale algérienne du groupe ArcelorMittal. Sur le plan financier, le capital de la société connaîtra une importante augmentation. En effet, il a été convenu entre les deux parties que, selon toujours le même document, le groupe Sider versera 100 millions de dollars et ArcelorMittal 56 dans le capital de la société, qui est actuellement de 150 millions de dollars, soit un total de 306 millions de dollars. Quant au plan de développement, il sera financé par l'apport de 700 millions de dollars via un crédit bancaire de la BEA sur la base d'un échéancier et en fonction de la réalisation du plan industriel 2014-2017. En 2017, le complexe sera en pleine capacité de production et atteindra 2,2 millions de tonnes d'acier. Vers une réorganisation managériale totale Sur le plan managérial, le même document fait état d'une réorganisation totale. «Le conseil d'administration (CA) sera présidé par un Algérien avec attribution de sélectionner les propositions d'ArcelorMittal en matière de management. Il aura la charge de sélectionner les administrateurs et le staff dirigeant des opérations du complexe, dont le directeur général et le directeur des ressources humaines (DRH)», est-il mentionné dans cette feuille route. Contacté, Smaïl Kouadria, ex-secrétaire général du syndicat d'ArcelorMittal et actuellement député du Parti des travailleurs (PT), a confirmé l'information. Pour lui, «cette opération qui touche à sa fin est un élément capital dans la stratégie sidérurgique en Algérie, d'autant plus que les besoins en acier de l'Algérie sont estimés à 5 millions de tonnes en 2020 et 8 millions de tonnes en 2030». Cependant, la réussite de la concrétisation du plan d'investissement et de la recapitalisation d'ArcelorMittal El Hadjar est tributaire d'un volet social stable. A ce propos, M. Kouadria est ferme et plaide pour un pacte de stabilité social (PSS) qui permettra d'obtenir la confiance et l'engagement des deux partenaires. Il est prévu dans la feuille de route de cette opération le maintien absolu des effectifs et la mise en place d'une équipe en privilégiant la compétence, le talent et l'engagement ; ce sont, entre autres, les conditions assurant la stabilité du complexe. Mieux encore, il est prévu également l'introduction de deux administrateurs représentant le comité de participation ayant un droit de regard sur la gestion de la société, tel que stipulé par la loi 90-11 régissant les relations de travail et le code de commerce. A cela il faut ajouter la mise en place d'une convention collective qui cadre avec le nouveau statut de la société et enfin l'institution d'une prime d'intéressement et la participation au bénéfice estimée entre 10 et 15%. Pour rappel, tout avait commencé en février dernier lors d'une réunion tenue au ministère de l'Industrie, à Alger, à laquelle avaient pris part, outre le ministre Cherif Rahmani, Vincent Legouic (CEO BU Afrique du Nord), Serge Dubois (Corporate Affairs Manager en Algérie), Arnaud Poupart-Lafarge (executive vice-president of Long Carbon Europe LCE et membre de Management Committee), ainsi que Chiboub Hasnaoui (PDG du groupe Sider), où la décision de nationaliser la société a été prise. Cette opération a obéi au principe de préemption tel que mentionné dans le pacte signé entre les deux parties en octobre 2001. «Les négociations du ministère de l'Industrie avec le groupe mondial ArcelorMittal ont été entamées depuis pour aboutir à la cession d'une partie des actions de sa filiale algérienne au profit de l'Etat algérien, à travers le groupe public Sider. Une fois la transaction effectuée, ce dernier deviendra majoritaire à 51%.» Une très grande discrétion entoure cette opération qui a été menée, du côté algérien, par les conseillers du ministre de l'Industrie, en l'occurrence Messaoud Chettih (ex-directeur général de Sider), Mohamed Liassine (ancien ministre de l'Industrie), Driss Tandjaoui (ex-secrétaire général du ministère de l'Industrie) et Hasnaoui Chiboub (PDG du groupe Sider). Côté groupe ArcelorMittal, ce sont Vincent Legouic, Arnaud Poupart-Lafarge et Serge Dubois qui seront chargés de la négociation. Par ailleurs, selon les conclusions du cabinet international Laplace, désigné pour évaluer l'état actuel des installations de l'usine d'El Hadjar et ses besoins pour la maintenir en activité, «le complexe doit abandonner ses deux hauts fourneaux et ses aciéries à oxygène» ; en remplacement, il préconise «deux aciéries électriques pour la production des produits longs et plats. La production deviendra plus compétitive. En parallèle, une usine de pellettes (matière première enrichie en acier) alimentera les deux unités de Jijel et d'El Hadjar. Elle sera implantée dans la wilaya de Jijel et sera à capital public».