La rencontre de Marrakech a permis de mettre en lumière la difficile mission de communication de la BAD face à la fracture numérique du continent incompatible avec la politique de transparence et d'interactivité. Marrakech De notre envoyée spéciale La Banque africaine de développement (BAD) a soumis au débat lors d'une rencontre organisée, hier, à Marrakech, au Maroc, sa nouvelle politique de diffusion et d'accès à l'information (DAI) entrée en vigueur le 3 février dernier. Lors d'un atelier de sensibilisation et d'information ciblant les pays de l'Afrique du Nord, organisé en marge de ses assemblées générales, la BAD a donné un aperçu de cette nouvelle stratégie de communication interactive axée sur plus de transparence et une large diffusion de l'information par le biais du site web, notamment sur les projets financés dans les pays africains. Une action louable qui bute tout de même, selon l'avis de certains participants, sur le manque de coopération que peut rencontrer la BAD de la part des gouvernements partenaires, la plupart n'étant pas enclins à la transparence. Ces derniers, actionnaires de la banque et en même temps clients, peuvent s'opposer à la divulgation de certaines informations jugées confidentielles. Une réalité qui est tolérée par la banque, mais qui est incompatible, de l'avis de certains participants au séminaire ayant pris la parole hier, avec le principe de transparence prôné par la BAD. Celle-ci, selon les déclarations de plusieurs de ces membres, a accompli tout de même beaucoup de progrès dans ce domaine et entend poursuivre ses efforts pour restreindre la liste d'exception, c'est-à-dire les informations qui restent confidentielles. La vice-présidente et secrétaire générale de la BAD, Mme Cécilia Akintomide, a tenu à préciser lors du débat que malgré les restrictions existantes, «la Banque reste une institution multilatérale qui n'est pas engagée dans des relations bilatérales». Elle relèvera que de ce fait, «la pression des pairs lors des forums de la BAD est mise à profit pour exiger une discipline des membres qui ne s'acquittent pas de leurs obligations ou ne respectent pas leurs engagements». Elle précisera également, concernant les études d'impact qui précèdent les projets de la BAD, que «la banque met un point d'honneur à les concrétiser afin d'informer la population et de prendre en compte son avis». La vice-présidente de l'institution a signalé par ailleurs, à titre d'exemple, l'annulation des projets financés par la BAD suite aux plaintes de la population et de la société civile. Le débat a également permis de mettre en lumière la difficile mission de communication de la BAD face à la fracture numérique du continent incompatible avec la politique de transparence et d'interactivité. Des solutions plus «classiques» telles que les supports papier et radiophoniques ont été alors passées en revue hier pour renforcer l'accès à l'information sur les actions de la banque, les projets et les modalités d'accès aux financements. Plus généralement, il est à noter que par le biais de la nouvelle politique de diffusion et d'accès à l'information (DAI) mise en application suite à l'approbation, en 2012, par le conseil d'administration du groupe, la BAD réaffirme son engagement envers les principes de bonne gouvernance. La BAD s'engage notamment à rendre publiques toutes les informations en sa possession, sauf quelques exceptions, afin de favoriser une meilleure accessibilité aux politiques et stratégies de la banque ainsi qu'aux décisions-clés prises au cours du développement et de l'exécution des projets. Pour faciliter la mise en œuvre de la politique DAI, plusieurs outils ont été créés, tels que la publication d'un manuel et d'un site web ainsi qu'un programme de sensibilisation et de formation.