En élisant l'archevêque Georges Pontier à leur tête, les évêques ont choisi un des plus proches prélats de la communauté musulmane, un homme de dialogue. Lyon De notre correspondant Devant élire un successeur à l'archevêque de Paris, le cardinal André XXIII, atteint par la limite d'âge, la Conférence des évêques français a porté à sa direction Georges Pontier, archevêque de Marseille, âgé de 69 ans. Il prendra ses fonctions le 1er juillet 2013. Il est réputé d'être un homme ouvert et de dialogue. Pour avoir une petite idée de sa personnalité, il n'y a qu'à relire son homélie, en février, lors de la semaine d'unité des chrétiens. Après avoir lu un extrait des Evangiles, il devait dire : «Cette page est de celles qui peuvent nous empêcher de dormir aujourd'hui comme hier. Il n'est pas besoin d'en décrire plus avant les multiples correspondances dans nos vies, ici, à Marseille, dans notre pays, dans notre monde. Nous les connaissons toutes. On peut quand même citer les besoins de ceux qui ont faim, qui n'ont pas de logement, de travail, de ceux qui sont malades ou prisonniers, des populations roms ou des sans-papiers et autres migrants.» Ses détracteurs le qualifient d'évêque «en voie de hallalisation» Durant la période sarkozyste, il fut de ceux qui critiquèrent la politique de chasse à l'immigration, à tel point que l'extrême-droite n'hésita pas à le qualifier d'évêque en voie de «hallalisation». Lui se basait uniquement sur sa religion. Sur France 2, dans l'émission chrétienne du dimanche matin, il déclarait en 2006 : «Les chrétiens, au fond d'eux-mêmes, savent bien que sur le sujet des étrangers, le Christ a dit des choses et a pris des attitudes. Et qu'il y a dans la Bible des pages qu'on ne peut pas arracher… Si, faire de la politique, c'est défendre les droits de l'homme, alors, c'est vrai, nous faisons de la politique, mais c'est de la bonne politique!» Il y a quelques années, Mgr Pontier avait saisi la préfecture de police de Marseille pour faire interdire un rassemblement d'extrémistes de droite contre l'islamisation, sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de la Garde. Il s'inscrivait en faux contre les appels à la haine, disant que pour lui les piliers fondamentaux de l'islam, sont «ceux du cœur, de la charité, du partage, de la fraternité». Sur l'immigration, il disait : «Le vrai réalisme, c'est de travailler sur les causes et non sur les conséquences. Or, les causes de l'immigration, ce sont le sous-développement ou les conflits à l'intérieur des pays qui poussent les gens à chercher le droit d'asile ailleurs. Ce projet, lui, agit sur les conséquences. Il y a des gens ici et on veut les renvoyer, sans agir sur les causes. Cela n'est pas suffisant et ce n'est pas réaliste ! Car, dans la misère, même chassé, on revient toujours.»