L'auteur présumé de la violente agression d'un militaire à la Défense, le 25 mai, a été déféré au parquet hier en vue de sa présentation à un juge d'instruction. Le parquet a demandé sa mise sous écrou. Lyon (France) De notre correspondant Dans les médias, on avait parlé de cutter. Cela permettait peut-être de faire la rime sanglante avec le scooter de Mohamed Merah, coupable du meurtre de trois militaires en mars 2012. En tout cas, le présumé agresseur d'un militaire, samedi dernier, est un Français converti, il y a quelques années, à «un islam traditionaliste ou radical», comme on l'entendait hier dans les informations en boucle. Il se prénomme Alexandre Dhaussy pour l'état civil et Abdelilah après sa conversion à l'islam, en 2009. Il est né le 30 mai 1991 à Trappes, dans les Yvelines. Quelques minutes après l'interpellation, le procureur de la République, François Molins, avait lié l'agression de Paris (le soldat est sorti de l'hôpital lundi dernier) et le meurtre commis en Angleterre contre un soldat, trois jours auparavant. Il a estimé que, comme celui de Londres, l'acte de Paris a été commis «au nom de son idéologie religieuse». A l'issue de la garde à vue hier, l'affaire a été qualifiée de tentative d'assassinat en lien avec une entreprise terroriste. Elle sera instruite par un juge antiterroriste. Pour le procureur, «la volonté de tuer» ne faisait aucun doute. «Il a asséné plusieurs coups, avec une détermination impressionnante.» L'homme avait utilisé un couteau de marque Laguiole (et non pas un cutter) et en avait un deuxième dans le sac qu'il a abandonné après son forfait. Il avait acheté le tout quelques minutes plus tôt, ce qui laisserait croire que le projet a été mené hâtivement, bien que le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, ait indiqué que «c'est un homme suffisamment déterminé pour accomplir un acte sans doute préparé». Selon les enregistrements de la vidéosurveillance, il a fait sa prière musulmane dans un recoin d'un centre commercial, une heure avant l'attaque du soldat. Dans le sac abandonné par l'agresseur, les enquêteurs ont trouvé aussi une bouteille de jus d'orange sur laquelle des traces d'ADN ont été recueillies par les enquêteurs. Elles ont permis de remonter jusqu'à l'homme inscrit au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg). Le procureur n'a pas expliqué pourquoi l'homme figurait dans ce Fnaeg, fichier réservé aux criminels (assassinats, viols…). Après une interpellation en 2009 pour avoir prié dans la rue alors qu'il venait de se convertir à l'islam, l'homme n'était pas un inconnu des services de police. Fait assez rare, la direction générale de la Police nationale a communiqué sur cette affaire en écrivant que le suspect avait été «détecté pour des actes se rapportant à un comportement fondamentaliste dans son département de résidence». Fidèle de la mouvance tabligh, il avait notamment fait l'objet d'une attention particulière par son comportement. Il aurait même indiqué à la mission locale, chargée d'aider les jeunes à trouver un travail, qu'il souhaitait «suivre une formation religieuse à l'étranger». Cependant, les services de sécurité estiment que le plus difficile est de prévoir celui qui, parmi les profils de ce genre, est susceptible de passer à l'acte.Une précédente affaire, le 6 mai dernier, n'avait pas été prise en charge par le parquet antiterroriste. Un homme avait blessé un militaire dans une gendarmerie de Roussillon, dans la vallée du Rhône, au sud de Lyon. Il avait asséné plusieurs coups de couteau, l'atteignant à trois reprises à la gorge, au bras et à la jambe, tout en vociférant «Allah Akbar», rapportait le quotidien régional le Dauphiné libéré. Il avait ensuite été difficilement maîtrisé, un adjudant devant faire usage de son arme, blessant un autre gendarme par ricochet. Le dossier n'avait pas été confié au parquet antiterroriste, l'enquête privilégiant alors l'hypothèse d'un déséquilibré.