Dans un discours prononcé hier à l'APN, le Premier ministre turc a plaidé pour l'intensification des échanges commerciaux et la suppression des visas entre les deux pays. L'escale algérienne de la tournée maghrébine du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a commencé hier à Alger. Elle se poursuivra et prendra fin aujourd'hui à Oran avec la visite qu'il effectuera au site gazier d'Arzew et à la nouvelle aciérie, œuvre d'une société turque de droit algérien Tosyali Iron Steel Industry. Placée dans le cadre «du renforcement de la coopération économique au plus haut niveau, conformément à l'esprit du traité d'amitié et de coopération conclu en 2006», cette deuxième visite du haut responsable turc revêt un caractère hautement stratégique à la faveur du contexte actuel, où les rapprochements régionaux et sous-régionaux renforcent les pays. «Notre amitié avec l'Algérie repose sur un socle historique qui a commencé avec Kheireddine Barberousse et nous garderons pour toujours en mémoire que les soldats algériens ont refusé de tirer sur les Turcs lors de l'invasion française dans le sud de la Turquie», déclare Recep Erdogan dans un discours prononcé à l'Assemblée populaire nationale. «Nous passons par des moments politiques sensibles dans notre région et la Turquie tout comme l'Algérie qui se situent géographiquement dans des zones de crises ont choisi d'êtres solidaires de leurs pays voisins», ajoute le Premier ministre. Erdogan dit souhaiter que tous les obstacles et entraves soient levés entre les deux pays afin de hisser les relations à des niveaux plus importants et densifier les échanges économiques pour arriver à un seuil de 10 milliards de dollars d'échanges au plus tôt. Il se prononce ainsi pour la suppression des visas entre les deux pays. «La Turquie n'exige plus de visas avec 70 pays et l'Algérie ne sera pas une exception. Les citoyens algériens et turcs doivent pouvoir se déplacer d'un pays à l'autre en toute liberté et sans visa», dit-il en exprimant aussi la volonté d'accroître le nombre de vols hebdomadaires entre les villes turques et algériennes à raison de trois par semaine au lieu d'un seul. Sur le plan politique, le Premier ministre turc, tout en dénonçant l'attentat terroriste de Tiguentourine, souligne que les deux pays ont beaucoup souffert du terrorisme et du crime organisé. «Nous nous réjouissons de l'accord de coopération militaire signé le 7 mai dernier et nous affirmons que du côté turc, il existe une volonté politique très forte pour renforcer les liens de coopération dans tous les domaines, notamment sécuritaire», indique Erdogan. L'invité de Sellal a par ailleurs brossé un tableau très positif sur le boom économique réalisé par son pays en seulement dix années et qui est arrivé à être classé 6e économie en Europe et 16e dans le monde. Il évoque en outre la question syrienne pour dire que son pays soutient le peuple dans sa «quête d'un changement démocratique, comme nous soutiendrons tout autre peuple aspirant à ce même objectif». Recep Tayyip Erdogan emploie un ton ferme pour dire que le président syrien, «qui est plus criminel que son père, payera le prix de ses actes tôt ou tard», avant de saluer «la position de l'Algérie similaire à celle de son pays». Ce qui a laissé perplexe l'assistance de députés s'interrogeant sur une telle interprétation de la position algérienne pourtant bien différente dans les discours des officiels algériens. Abdelmalek Sellal avait de son côté dans un discours souligné la disponibilité de l'Algérie de renforcer le dialogue et la concertation avec la Turquie et tous les pays de l'espace méditerranéen. Et de soutenir cependant que «la concertation et le dialogue doivent se faire sans toutefois interférer dans les affaires internes des nations souveraines et dans le respect de la légalité internationale». A noter que le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune a boycotté le discours d'Erdogan afin d'exprimer son soutien au mouvement de protestation des jeunes à Istanbul.