Secteur obéissant ailleurs aux règles de la concurrence, l'industrie de la presse en Algérie est, pour le moins que l'on puisse dire, un secteur qui active en marge de l'économie de marché. Cette dernière est pourtant présentée par le discours officiel comme étant un choix irréversible de la politique économique du pays. Un paradoxe qui, visiblement, est loin de gêner les pouvoirs publics qui continuent, malgré tout, d'imposer des restrictions sur la publicité publique, de maintenir sous perfusion des entreprises d'édition et d'impression moribondes et de limiter le champ de la concurrence. Ce sont les principes élémentaires de l'économie de marché qui sont ainsi bafoués. C'est dans ce difficile contexte qu'évoluent aujourd'hui les entreprises de presse algériennes. La situation est surtout plus contraignante du côté du secteur public dont les entreprises de presse sont maintenues en vie grâce à la générosité de l'Etat. Une générosité que les autres entreprises publiques n'ont pas eu droit. Du côté du secteur privé, la situation est également peu reluisante. Exception faite de quelques entreprises qui ont pu sortir du lot grâce notamment à l'explosion du marché publicitaire, le reste est cependant en difficulté. L'endettement envers les imprimeurs est la principale de ses difficultés. Un endettement qui est souvent, note-t-on auprès de certains éditeurs, exacerbé par la lenteur du recouvrement des créances détenues par l'ANEP sur les institutions étatiques (APC, wilayas, ministères, etc.), qui contraint cette dernière à différer la répartition des produits de la publicité en faveur des éditeurs qui accumulent ainsi des créances au détriment de leur trésorerie. L'écrasante majorité des journaux étant censés vivre des produits de la publicité que l'ANEP, érigée en monopole, leur répartit. Un retard dans le paiement des factures de publicité due aux éditeurs va dans bien des cas se traduire par un retard de paiement des factures dues aux imprimeurs, lesquels ne pourront pas à leur tour payer Aldaph, leur fournisseur en papier. Dans l'incapacité de recouvrer la totalité de ses créances auprès des institutions étatiques qui constituent ses principaux clients, l'ANEP est chaque fois contrainte de solliciter l'intervention des plus hautes autorités du pays pour solutionner le problème. On doit en effet se rendre à l'évidence que tant que les relations commerciales interentreprises ne sont pas assainies et soumises aux règles universelles du commerce, les mêmes causes reproduiront les mêmes effets, perpétuant ainsi la confusion qui règne dans ce secteur sensible et vulnérable aux manipulations politiciennes. La solution se trouve dans la législation algérienne en vigueur (code de commerce, codes civil et pénal, ordonnance relative à la gestion des EPE, etc.) qui définissent parfaitement ce que doivent être les droits et obligations des entreprises à vocation commerciale. A bon entendeur.