Les examens de fin d'année ne sont plus une épreuve pour les candidats uniquement, mais désormais pour tout le pays. La dernière session du bac a purement et simplement pris les contours d'un scandale national qui a laissé sans voix les autorités en charge du secteur et rendu perplexe l'opinion publique. Le délitement de l'éducation nationale, invisible le long de l'année, s'affiche brutalement lors des journées d'examen de juin. Alors qu'il n'a pas voix au chapitre durant toute l'année scolaire, oublié des syndicats et des pouvoirs publics, l'élève est subitement projeté au-devant de la scène, jugé, condamné, transformé en bouc émissaire des défaillances multiples et à tous les niveaux. Les enseignants font mine de découvrir leurs élèves, le ministère se calfeutre derrière ses commissions et instances, les parents plongent la tête dans le sable. L'élève n'est pourtant que le produit de l'école, la somme des efforts fournis pour le former, ou le reflet de l'échec des différents intervenants dans l'éducation et la formation. Une semaine après la dernière session du bac, qui a défrayé la chronique nationale avec l'anarchie ayant touché plusieurs centres d'examen et le concert des condamnations dirigées exclusivement contre les candidats, les épreuves du BEM se sont passées dans un climat de sérénité propre à pareils rendez-vous de la vie scolaire. Cependant, plusieurs échos rapportent la pression vécue par les candidats à cet examen clôturant le cycle moyen. Pas moins de quatre épreuves étaient inscrites lors de la première journée, mettant ainsi les candidats sous pression maximale dès l'entame de l'examen. Soumis le long de l'année à une charge pédagogique que tous les spécialistes considèrent trop lourde, l'élève devra également trouver, en fin d'année, les ressorts pour subir un examen marqué par une forte densité des épreuves. Après des années de bricolage dans le système éducatif, il serait peut-être temps de replacer l'intérêt de l'élève au centre des préoccupations, de lever tous les éléments anti-pédagogiques qui sapent sa formation. Des aménagements des programmes sont annoncés pour la rentrée prochaine. Ce sera un test pour la nouvelle équipe à la tête du département ministériel pour montrer sa volonté d'engager l'école algérienne sur la voie d'une véritable réforme, dans le sens de sa réhabilitation selon les standards du monde moderne. Eloigner l'école de toute idéologie ou démarche politique paraît une nécessité vitale. La révision du système des coefficients des matières lors des examens est recommandée par nombre d'enseignants qui mettent en garde contre la «disparition» de filières cardinales, comme les mathématiques, dotées au BEM du coefficient 4, derrière la langue arabe élevée à un rang idéologique, sans doute anti-pédagogique, avec le coefficient 5.