La valse des directeurs généraux du CHU d'Oran se poursuit. Lundi, le ministre de la Santé a décidé de « remercier », d'une manière peu cavalière, le désormais ex-directeur général de cet établissement hospitalier, Rabah Barr, en mettant fin à ses fonctions et à celles de son secrétaire général. Ce dernier poste a été confié à Sidi Mohamed Zerhouni, un proche du ministre de l'Intérieur, qui avait assumé la fonction de secrétaire général avant l'arrivée de M. Barr. L'intérim de la direction générale de l'hôpital d'Oran sera assuré par M. Zerhouni jusqu'à la désignation du nouveau responsable. La nouvelle du limogeage de M. Barr a eu l'effet d'un coup de tonnerre parmi le staff de la direction générale. Rien ne présageait une telle décision, d'autant plus que lors de son passage à Oran, le Pr Mourad Redjimi, qui a inauguré de nouvelles infrastructures médicales au sein du CHUO, n'a pas manqué de rendre hommage à M. Barr et à toute son équipe pour le travail qui a été entrepris depuis mars 2004, date de son installation comme premier responsable de l'hôpital d'Oran. « Trop d'intérêts sont en jeu au sein de l'hôpital et les règles d'équité, de transparence, de bonne gestion et d'une bonne gouvernance ne servent que les intérêts de certains milieux. On a sacrifié l'ex-DG pour préserver un statu quo », dira un autre gestionnaire qui fera relever que « depuis sa date d'ouverture, en 1868, et jusqu'à l'indépendance, seuls quatre directeurs généraux ont dirigé l'hôpital, alors qu'entre 2000 et 2004, 8 responsables se sont succédé à la tête de cet établissement. Faites les commentaires que vous voulez », dira-t-il. Selon plusieurs sources, le courant ne passait pas entre l'ex-DG du CHUO et le nouveau SG, ce qui a conduit le ministre de la Santé à intervenir pour aplanir les différends « d'ordres professionnels » mais sans succès. Subissant vraisemblablement des pressions « d'en haut », le ministre s'est trouvé contraint de « sacrifier » ce gestionnaire, qui a réussi à lancer plusieurs chantiers, à assainir la situation financière du CHUO et à relancer l'activité médicale en un espace temps très court. Outre les réalisations palpables et concrètes, l'ex-DG a réussi à obtenir de la part des partenaires sociaux un « pacte social » dans lequel les intérêts du malade sont placés au-dessus de toute considération. La hache de guerre a été enterrée et aucun conflit social n'a été enregistré depuis mars dernier, alors que, dans un passé très récent, les grèves et autres conflits au sein du CHUO faisaient la une de la presse locale. Les observateurs et les milieux très au fait des réalités de l'hôpital d'Oran n'excluent pas le fait que le limogeage de M. Barr soit lié au problème du transfert de certains services vers le nouvel EHU qui constitue un véritable casse-tête pour la tutelle. La plupart des chefs de service refusent ce transfert qui risque de compromettre leurs intérêts et de mettre à nu certaines insuffisances. « Au CHUO, sous prétexte d'indisponibilité d'équipement, de vétusté et d'exiguïté des lieux, les services tournent presque au ralenti. Les médecins peuvent disposer de leur temps pour travailler ailleurs chez le privé. L'EHU offre toutes les conditions de travail, mais astreint le mouvement des personnels et les contraint à des obligations de résultats. Ce qui gêne énormément certains, d'où l'opposition constatée à tout transfert de service », explique-t-on dans les milieux hospitaliers.