Changement. Pour une fois, ce n'est pas du vocabulaire médical, une IST n'est pas une Infection Sexuellement Transmissible, mais une Interdiction de Sortie du Territoire, selon le jargon judiciaire. Sur instruction, le juge d'instruction l'a ainsi signifiée au journaliste Hichem Aboud, empêché de quitter l'Algérie par la grande porte de l'aéroport. Le(s) délit(s) ? «Atteinte à la sécurité de l'Etat, à l'unité nationale, à la stabilité et au bon fonctionnement des institutions». En lisant ces graves accusations, on pourrait comprendre qu'avant l'arrivée de Hichem Aboud et ses révélations par voie de presse, l'Etat était sécurisé, la nation unie, le pays stable et les institutions fonctionnaient bien. Peut-être. Donc avant que Hichem Aboud ne déboule, tout allait bien. Mais qu'a-t-il donc fait ? Depuis son arrivée dans les surpeuplés kiosques à journaux, il a écrit que Raouraoua est trop riche pour être honnête et que le football n'est pas un jeu d'enfants. Que Melzi est tout aussi riche et indéboulonnable qu'un Sheraton planté en bord de mer. Que Meguedem n'a pas sa place à la Présidence, mais que Saïd Bouteflika dirige le pays sans être à la Présidence. Est-ce vrai ? Oui, mais ces 4 personnes n'attentent pas à la sécurité de l'Etat et à l'unité nationale, donc pas de problème. Oui, mais Hichem Aboud a aussi écrit que le Président était tombé dans le coma. Information invérifiable qui a coûté au journaliste une IST. Hichem Aboud est donc interdit de dessert, de pub et de sortie. En conclusion, le Président est sorti du territoire pour un AIT et n'est plus jamais revenu. Hichem Aboud n'a pas réussi à sortir à cause d'une IST et est toujours là. Qui est malade ? C'est le pays, évidemment. Et si Hichem Aboud était coopté Président avec Saïd comme conseiller spécial, ça règlerait le problème ? Non, le juge l'a bien dit, l'Algérie n'a pas de problème. Mais Saïd en a maintenant.