Avant de recevoir le roi du Maroc, qui se rendra dans les prochaines semaines à Nouakchott, le président mauritanien est venu à Alger. Un déplacement dont l'intérêt suprême réside dans le fait que le colonel Ely Ould Mohamed Vall, président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), a l'appui total de l'Algérie. Non seulement pour mener à bien la transition démocratique avec notamment la tenue du référendum constitutionnel le 24 juin prochain, mais aussi et surtout pour assister la Mauritanie dans les domaines socioéconomiques. En cela, le redéploiement de l'Algérie en Afrique subsaharienne marque des points. En atteste l'important don de matériel et équipements fait, à la mi-mars dernier, par la DGSN algérienne à la police mauritanienne. Justement, Ely Ould Mohamed Vall a occupé la fonction de directeur général de la Sûreté nationale de novembre 1985 au 3 août 2005. Date à laquelle il a été placé à la tête du CMJD après le renversement du régime de Maâouiya Ould Sid Ahmed Taya. Ce geste scelle des rapports entre les deux organismes de sécurité et crée des passerelles pour un échange rapide et détaillé dans le renseignement. Le déplacement en personne de Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement, pour présider la 15e session de la grande commission mixte algéro-mauritanienne et la signature de neuf très importants accords en mars dernier ont donné une autre dimension aux relations politiques entre les deux pays. C'est d'ailleurs dans cette reconfiguration régionale que le président Bouteflika s'est entretenu hier à la résidence d'Etat de Zéralda (Alger) en tête-à-tête avec son invité mauritanien. Ely Ould Mohamed Vall devrait donner un aperçu de ce que seront les relations futures entre les deux capitales, mais surtout échanger des informations sur la position à adopter par rapport à certaines questions. Le problème du Sahara-Occidental, les velléités de la Libye, le terrorisme, l'immigration clandestine, le trafic d'armes et de stupéfiants, les rapports avec l'UE ainsi qu'avec l'OTAN sont autant de dossiers urgents. Il y aura sûrement un passage en revue du forcing marocain en direction du régime mauritanien sachant que Ely Ould Mohamed Vall avait fait partie de la première promotion de l'académie militaire de Meknès dont il fut le major. Une référence que compte exploiter Rabat pour essayer d'avoir un pied d'attache dans ce pays frontalier avec le Sahara-Occidental et qui a des relations diplomatiques avec Israël. Ce dernier fera tout pour peser de son poids en faveur du Maroc. D'où l'attention accordée par l'Algérie à la Mauritanie qui est aussi devenue un pays producteur de pétrole depuis février dernier. On comprend pourquoi Alger financera la route qui va rallier Tindouf à la localité mauritanienne de Choum, limitrophe au territoire du Sahara-Occidental. Ceci alors que le Maroc a fait appel à des financements extérieurs pour réaliser une route allant de Tanger vers Nouakchott, via Nouadhibou. Dans ce rapprochement entre Alger et Nouakchott, l'aspect économique compte beaucoup. Hier, une séance de travail a réuni les membres des délégations des deux pays toujours à la résidence d'Etat de Zéralda.