Les opérations de décontamination du complexe mercuriel de Azzaba et de la dépollution de la région limitrophe devront être achevées avant la fin de l'année 2007. C'est ce qui ressort des déclarations faites hier à Skikda par Chérif Rahmani, ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire. Ces actions constituent, selon les termes du ministre, des engagements forts qui sont venus consolider la volonté affichée par les pouvoirs publics pour parer à « un passif environnemental » hérité d'une ère au courant de laquelle la conjoncture économique primait sur les autres approches de développement. « Nous avons amplement ciblé les atteintes et nous sommes actuellement à la deuxième phase de l'opération. Entre le 8 et le 13 mai nous procéderons à l'ouverture des plis pour étudier les offres et choisir le partenaire le plus compétent. Nous aurons également à décider de la meilleure solution au sujet des scories en optant pour l'enfouissement, le confinement ou le déplacement », a-t-il déclaré. Il donnera par ailleurs plus de détails au sujet de l'opération globale qui touchera le périmètre du complexe et s'étalera jusqu'aux régions limitrophes qui auraient été potentiellement polluées par le mercure. Un véritable passage au peigne fin, selon les dires du ministre qui a rapporté : « Nous allons réaliser des carottages dans ces périmètres et analyser les échantillonnages pour déceler les atteintes ainsi que le degré de pollution des nappes phréatiques. Nous étudierons l'ensemble de la région pour déterminer la concentration mercurielle qui s'y trouverait. » Au sujet du coût global des opérations de décontamination, le ministre dira qu'une enveloppe « de 500 millions de dinars a été dégagée pour la seule région de Azzaba. Nous estimons qu'elle est largement suffisante et devrait nous permettre de mener à bien notre mission », en promettant que ces actions de dépollution auront à concerner d'autres unités polluantes du pays. Avant de faire part de ces décisions, le ministre avait tenu à se rendre au complexe mercuriel d'Ismaël pour cibler de plus près les graves atteintes que générait l'exploitation du cinabre. Disposant déjà de suffisamment d'éléments relatifs aux différentes formes de pollution, le ministre insistera pour qu'elles soient publiquement évoquées, « pour que les choses soient claires », a-t-il dit. Comme pour mettre en filigrane l'importance de l'opération de dépollution et surtout ses bienfaits, M. Rahmani demandera à ce qu'on revienne sur les différentes formes de pollution que générait l'exploitation du complexe et poussera même plusieurs responsables à les évoquer clairement. Ainsi, certains ont eu à apprendre, d'autres à confirmer, beaucoup de nuisances minaient, trente années durant, tout le périmètre avoisinant de l'usine. Le ministre est allé jusqu'à étaler des taux effarants de pollution que ses services avaient relevés dans les deux bassins de décantation du complexe. « Il étaient quarante fois supérieurs aux normes », mentionnera-t-il, avant de souligner que « ces eaux constituaient un risque grave sur les nappes phréatiques de la région, sur son agriculture, ses habitants et sa biodiversité ». M. Rahmani fera, par ailleurs, remarquer que le complexe ne disposait même pas d'un plan de dépollution et ce sont ces raisons qui avaient mené les pouvoirs publics à décider sa fermeture, il y a deux années déjà. « C'était une étape essentielle que nous allons parachever par l'étape de décontamination pour le grand bien de la région et de ses habitants », a-t-il conclu.