Inexistantes il y a dix ans, les soirées salsa se multiplient dans la capitale. Le principe ? Dans un restaurant, vous bénéficiez d'une initiation avant de pouvoir danser sur la piste. El Watan Week-end a testé ces soirées pour vous. «Un, deux, trois... Quatre, cinq, six». Chaque samedi soir depuis quatre mois, le restaurant-lounge de l'hôtel Emir (Chéraga) se transforme en salle de danse. Une vingtaine de personnes en cercle tentent d'enchaîner les pas. Un tour à gauche, un tour à droite, et on change de partenaire. Au centre, micro-casque sur les oreilles, «Pedro Salsa» détaille les mouvements. Sur la piste, des professionnels, amis du professeur, mais surtout beaucoup de débutants, qui viennent apprendre en s'amusant. «Les gens arrivent vers 21h30, dînent ou prennent un verre, on fait une heure d'initiation, et ensuite, tout le monde s'amuse !», raconte Pedro. C'est ce jeune homme de 33 ans qui est à la tête de l'organisation de ces soirées, organisées dans des hôtels de plus en plus régulièrement, principalement à Alger, mais aussi à Oran, Tlemcen et Constantine. Depuis 6 mois, Pedro s'est d'ailleurs associé avec deux amis, Abdou et Sid Ali, devenus professeurs de danse eux aussi. «J'étais trop sollicité, explique-t- il, c'est bien d'avoir des gens sur qui je peux compter. Et puis, on peut organiser deux fêtes le même soir sans problème.» Ce soir-là, il reçoit un coup de fil d'une association. Pour une soirée caritative, les organisateurs veulent une soirée salsa. Le succès de ces soirées se propage. «J'ai vu la foule lors d'une soirée à l'hôtel Hilton. J'ai constaté le succès chaque semaine dans un restaurant, je suis persuadé que ça fera venir les clients, explique le propriétaire de l'hôtel, les gens veulent de l'animation.» «Les hôtels font appel à nous pour mieux recevoir», insiste Abdou, qui gère un commerce la journée. L'ambiance est très décontractée. Sur les banquettes, les hommes en chemise se mêlent aux jeunes femmes apprêtées, en robes de soirée. Aomar, 51 ans, est professeur de médecine. Il vit entre le Canada et l'Algérie. Select «Ces soirées ressemblent aux soirées européennes, c'est ce que je recherche», explique Aomar. S'il lui arrive de boire du vin ou de la bière, l'absence de boissons alcoolisées dans ces soirées ne le dérange pas. «L'alcool entraînerait la présence de gens que je ne fréquente pas», ajoute-t-il. C'est également la clientèle «select» qui plaît à Lamia et Mina, 28 ans. «C'est tranquille ici. On n'est pas embêtées. Les hommes ne nous collent pas. J'ai même proposé à ma mère et à ma soeur de venir !», révèle Lamia qui travaille dans une multinationale. Son amie a toujours voulu savoir danser la salsa : «J'essayais avec des vidéos sur internet, mais sans grand succès. Ici, c'est une sorte de cours gratuit. J'ai appris plusieurs pas. Cet été, je pars en Espagne et je vais faire sensation», dit-elle en éclatant de rire. Ces soirées sont également un choix gagnant pour les hôtels. «Chaque lundi, 120 personnes vont au restaurant le Grial», affirme Pedro. L'animation salsa assure au restaurant près d'une centaine de menus et presque autant de boissons. C'est d'ailleurs le professeur de salsa qui a composé les menus : un assortiment de tapas «pour faire comme si … ». Il faut compter 1500 DA pour manger et boire. L'animation est gratuite. «Les gens n'ont pas peur de payer, affirment les organisateurs, ils en ont les moyens.» Du coup, tous les lieux «branchés» s'y mettent. Aujourd'hui, Pedro et ses amis ont un nouvel objectif : ouvrir un café-salsa qui accueillerait les danseurs tous les soirs de la semaine.