Le dispositif algérien de microcrédit, institué en 1999, a enregistré, durant les exercices 2001 et 2002, des taux d'impayés évalués respectivement à 47% et 56%. C'est ce qu'a indiqué, jeudi dernier à Paris, selon l'APS, le PDG de la Banque de développement local (BDL), Ammar Daoudi, à l'occasion d'un colloque international sur la formule des « monts-de-piété » (prêts sur gage). Intervenant devant les représentants d'une cinquantaine d'institutions financières de 14 pays membres de l'Association internationale des institutions de crédit sur gage, M. Daoudi a ainsi fait état d'une « non-réussite » de l'expérience algérienne de microcrédits, « du fait, a-t-il estimé, de diverses raisons, dont la complexité de l'organisation mise en place ainsi que les modalités pratiquées qui ont été ensuite retenues pour en assurer l'octroi ». « Des modalités laissant croire aux bénéficiaires de ces crédits qu'il s'agissait de concours de l'Etat à fonds perdus et qu'ils ne sont donc pas tenus d'en faire le remboursement », a-t-il expliqué. Et de signifier en ce sens que « dans cette forme, les banques commerciales estiment que le microcrédit est une opération non rentable ». Cependant, a-t-il signifié, l'Association algérienne des banques et des établissements financiers (ABEF) a préconisé le désengagement des banques commerciales du microcrédit et proposé la création d'institutions spécialisées de proximité, dotées d'une organisation adéquate et pouvant faire un suivi permanent des bénéficiaires de crédits. » « Cette proposition, a-t-il ajouté, a été adoptée par les pouvoirs publics en 2004 à travers la promulgation d'un décret présidentiel qui abroge toutes les anciennes dispositions et qui prévoit la création d'une agence nationale du microcrédit, la création d'un fonds de soutien aux microcrédits pour remplacer le fonds de garantie CNAC, l'augmentation du plafond du microcrédit et l'octroi de prêt nonrémunéré. » Sur sa lancée, le premier responsable de la BDL soutiendra que le dispositif du microcrédit « ne peut constituer une réponse appropriée à la lutte contre la pauvreté que s'il s'adresse à une population nombreuse et bien identifiée ». Mettant en avant l'impératif d'un « ciblage des personnes susceptibles de bénéficier du microcrédit », M. Daoudi préconisera que ce dispositif soit réservé à « la population exclue du système bancaire classique », sans que cette forme de prêt ne soit « assimilée à un don ou à un transfert social ». Il notera, à cet effet, que « le crédit social sous toutes ses formes est devenu nécessaire », mais que la prudence doit toutefois être de mise quant « au risque de non-remboursement des créances ».