La composition du gouvernement égyptien intérimaire est bouclée à 90%, selon des sources officielles. Ce gouvernement de transition sera annoncé en milieu de semaine prochaine, d'après les mêmes sources, citées par l'agence officielle Mena, qui ont ajouté que le ministre de l'Intérieur, Mohamed Ibrahim, et surtout celui de la Défense, le général Al Sissi, devraient garder leur poste. Ces démarches témoigneraient, selon certains observateurs, de la volonté du nouveau pouvoir d'aller de l'avant malgré la poursuite des protestations de rue des partisans de M. Morsi, destitué par l'armée le 3 juillet après des manifestations appelant à son départ. Le Premier ministre, Hazem Beblawi, a confirmé au quotidien Akhbar Al Youm qu'il allait s'entretenir aujourd'hui avec les ministres pressentis. Du côté des partisans de Mohamed Morsi, on ne reste pas les bras croisés. Un porte-parole des Frères musulmans, Tareq Al Morsi, a prévenu qu'«il y aura une nouvelle manifestation de masse pacifique lundi». Vendredi, des dizaines de milliers de manifestants avaient de nouveau exigé le retour du président islamiste. Tout au long de la journée, la foule a toutefois été particulièrement nombreuse devant la mosquée Rabaa Al Adawiya, dans le quartier de Nasr City, où les pro-Morsi manifestent depuis deux semaines. Les manifestants islamistes, venus de diverses régions, avaient déjà fustigé l'armée et réaffirmé leur allégeance à Mohamed Morsi. «Nous resterons un mois, deux mois et même un an ou deux s'il le faut», a lancé à la foule un haut responsable islamiste, Safwat Hegazi. Il a réitéré les exigences des Frères musulmans : retour immédiat de M. Morsi, tenue de législatives et création d'une commission pour la réconciliation nationale. Des manifestants anti-Morsi se sont, quant à eux, rassemblés place Tahrir ainsi qu'aux abords du palais présidentiel, où ils ont rompu le jeûne en fin de journée pour le premier vendredi du Ramadhan. Le nouveau pouvoir, sourd à ces demandes, a assuré que M. Morsi se trouvait «en lieu sûr» et était «traité dignement». Mais il n'est pas apparu en public depuis son arrestation, dans la foulée de sa destitution. Washington, qui consacre 1,3 milliard de dollars d'aide militaire par an à l'Egypte, a réclamé vendredi sa libération, ainsi que Berlin. «Nous avons exprimé nos inquiétudes depuis le début (...) au sujet de son interpellation, au sujet des arrestations politiques arbitraires», a indiqué le département d'Etat. Si aucune violence n'a émaillé les manifestations de vendredi, près d'une centaine de personnes sont mortes depuis le renversement de M. Morsi, accusé d'avoir trahi les idéaux de la révolte contre Hosni Moubarak, de n'avoir pas su gérer le pays et de n'avoir servi que les intérêts de sa confrérie. Lundi dernier, 53 personnes avaient été tuées et plusieurs centaines blessées lors d'une manifestation pro-Morsi au Caire. Les Frères musulmans avaient dénoncé un «massacre», l'armée assurant avoir répliqué à des «terroristes». Un mandat d'arrêt a été émis contre le guide suprême, Mohamed Badie, et d'autres responsables de la confrérie, en lien avec ce drame. Quelque 250 personnes ont, en outre, été inculpées.