Aucune structure sanitaire n'est prévue dans la wilaya de Bouira pour prendre en charge les malades atteints de cancer. Les cancéreux de la wilaya de Bouira, dont le nombre ne cesse de s'accroître, souffrent de l'absence totale de prise en charge. Aucune structure de santé spécialisée n'a été réalisée dans la région en dépit de projets de développement dont celle-ci a bénéficiés dans le cadre du programme des Hauts Plateaux. Les malades qui n'ont pas les moyens de s'offrir des soins de qualité finissent par mourir dans le silence. Au lieu de remédier un tant soit peu à cette situation, les autorités locales semblent plutôt avoir failli à leur mission dans ce domaine. Aussi, pour leurs séances de chimiothérapie nécessaires, les cancéreux de la wilaya n'ont pas d'autres choix que d'opter pour un des trois centres anti-cancer du centre de pays (Blida, Alger ou Tizi Ouzou). Cependant, malgré l'existence de ces centres au sein de wilayas limitrophes, le problème pour les malades de Bouira n'est pas pour autant résolu, sachant que certaines familles de ces derniers, aux conditions sociales démunies, ne peuvent même pas réunir les frais de déplacement. Ceci en plus de l'éloignement, des reports de rendez-vous, de la pénurie des médicaments et de leur cherté. Le bureau régional du comité d'aide aux personnes atteintes du cancer, dénommé «El Fedjr», domicilié à Sour El Ghozlane et relevant de l'association nationale du même nom basée à Alger, estime qu'il est impossible de répondre aux atteintes de cette frange de la société dans la wilaya, tant qu'un centre anti-cancer n'est pas réalisé à Bouira. «Nous demandons instamment aux autorités locales de penser à la réalisation d'un centre anti-cancer dans la région, ou du moins d'un centre anti-douleur. C'est primordial !» a relevé Sayah Said, secrétaire général du comité régional d'aide aux cancéreux, car les centres anti-cancer du centre du pays sont surchargés. M. Sayah évoque l'absence de la radiothérapie qui pénalise fortement les cancéreux. «Un cancéreux qui fait une année de chimiothérapie, s'il ne fait pas une séance de radiothérapie, il sera obligé de refaire tout». Pour ce qui est de ce comité, c'est la seule association à Bouira qui veille sur l'amélioration des conditions des cancéreux, et ce, avec des moyens limités. «C'est grâce aux bienfaiteurs que nous avons pu gérer tant bien que mal la situation», dira notre interlocuteur, expliquant qu'actuellement, la prise en charge des malades par le comité El Fedjr s'est beaucoup améliorée. «En plus de l'achat des médicaments, l'association assure aussi les frais des analyses médicales et de radiologie, de transport, etc.», nous dira-t-il d'un air soulagé de ce côté. L'association n'arrive à subvenir aux besoins des 311 cancéreux issus de familles démunies, dont plus de 140 pour la seule commune de Sour El Ghozlane, qu'avec l'aide des bienfaiteurs. Quand la caisse de l'association est vide, c'est le recours aux achats de médicaments à crédit auprès de pharmaciens. «Je ne peux pas dire à un malade qu'on ne peut pas l'aider», ajoute-t-il. D'autres malades démunis viennent aussi de wilayas de M'sila, Béjaïa, Médéa, Bouira, pour solliciter auprès du comité d'aide des médicaments dont ils ont besoin. Le directeur de wilaya par intérim de la santé et de la population a déclaré récemment sur les ondes de la Radio locale que le nombre de cancéreux à Bouira dépasse les 400 malades. Les aides venant des bienfaiteurs étant insuffisantes, aussi l'association appelle les pouvoirs publics à se montrer solidaires. Sayah Saïd a affirmé que l'APC de Sour El Ghozlane ne l'a jamais aidé financièrement. «On veut que l'association devienne locale et qu'elle prenne en charge uniquement les malades de Sour El Ghozlane. L'APC a certes décidé de nous accorder une enveloppe de 65 millions de centimes, mais la daïra a refusé de signer», regrette M. Sayah soulignant que, pour couvrir ses frais d'analyses médicales et radiologiques, un cancéreux doit dépenser en moyenne 100.000 DA par mois. Pour assurer une bonne prise en charge aux malades, l'association a besoin de 5 millions de dinars par an, a estimé notre interlocuteur. «Si les autorités ne veulent pas nous aider, qu'elles cessent du moins de nous mettre des bâtons dans les roues et nous laissent travailler», fulmine-t-il. Quoique activant depuis 1999, l'association ne dispose pas, cependant, d'un local digne de ce nom pour recevoir décemment les malades. Le local de l'association ne dispose ni d'aération, ni, encore moins, de sanitaires. «Le wali nous a certes accordé, par écrit, le siège de l'ex-Sonitex, mais le président de l'APC ne veut pas nous l'attribuer.», fera remarquer Saïd Sayah, ajoutant que l'association ne dispose pas d'ambulance pour le transport des malades. Il a soulevé encore le cas de personnes non assurées, particulièrement des femmes qui n'ont pas bénéficié de la campagne de dépistage précoce du cancer du sein, organisée en janvier dernier par la Cnas (Caisse nationale d'assurance sociale). «Les femmes non assurées ont le droit d'être dépistées !», tonne-t-il. Pour rappel, un radiothon avait été organisé par la radio Bouira en décembre 2012 pour tenter d'aider les malades chroniques nécessiteux, dont les cancéreux. Près de 500 millions de centimes ont été alors collectés et distribués au profit de plusieurs associations.