Les habitants du village Debagha, sur les hauteurs de Beni Amrane, souffrent dans l'anonymat depuis plusieurs décennies. Perché sur 600 m d'altitude, ce village est situé entre quatre communes, à savoir Béni Amrane, Tidjellabine, Keddara et Ammal. Les villageois estiment que le découpage territorial de 1984 ne leur a pas permis de mener une vie sans encombres et d'en finir avec le problème de l'isolement. «Notre patelin est plus proche de Tidjellabine que de Béni Amrane. Je ne comprends pas pourquoi on nous a rattachés à cette commune ?» tempête Oualid. Selon lui, les habitants du village doivent parcourir plus de 17 km pour rejoindre le chef-lieu communal. «Parfois, il nous est très facile d'aller à Ammal qu'a Béni Amrane, mais la route menant vers la première localité via Tiza est devenue impraticable, car elle n'a jamais été revêtue par les pouvoirs publics», déplore-t-il. La beauté des montagnes et des sites naturels de la région cache mal le dénuement dans lequel vivent les habitants. Les quelques infrastructures de base réalisées par l'Etat au début des années quatre-vingts ne leur servent d'aucune utilité aujourd'hui. La salle de soin du village, dotée d'un logement de fonction, est fermée depuis plus de 15 ans, et ce, malgré son aménagement après le séisme de mai 2013. Les villageois partent jusqu'à Souiga pour la moindre consultation médicale. L'école primaire, construite depuis un siècle, menace de s'écrouler à cause d'un important glissement de terrain. Ce mouvement du sol avait déjà provoqué l'effondrement d'une classe, mais aucun responsable n'a jugé utile d'y ériger un mur de clôture pour limiter les dégâts à l'avenir. La cantine scolaire, construite en 2011 à l'intérieur de l'établissement, n'a jamais été mise en service et cela en dépit des réclamations des parents d'élèves. En sus de ces problèmes, les habitants déplorent également le fait que leur localité n'est alimentée en eau potable qu'une fois par semaine. En outre, les jeunes ne disposent d'aucun espace de jeu ou de rencontre. «Nous n'avons que la nature. Parfois on s'adonne à des parties de football carrément sur la chaussée», avouent des jeunes du village. Ces derniers se plaignent encore des coupures fréquentes de l'électricité et de la détérioration de la route menant vers Imrawiyen. Nos interlocuteurs estiment que leur village est marginalisé dans tous les domaines. Pour étayer leurs propos, ils relèvent que seuls six habitants de cette localité ont bénéficié de l'aide de l'Etat à l'habitat rural alors que des dizaines de familles ont déposé des dossiers en vue de construire des habitations sur leur propre sol.