Les robinets sont à sec depuis plusieurs semaines. Les citoyens dénoncent le laisser-aller des autorités. Les habitants des communes relevant de la daïra de Thénia font face, cet été, à une pénurie d'eau sans précédent. Pourtant, les châteaux d'eau réalisés sont alimentés à partir du barrage de Taksebt (Tizi Ouzou), et le ministre des ressources en eau avait assuré que l'Algérie ne manquerait plus d'eau après la mise en service de cette œuvre. En tout cas, les résidants de la «cité de la gare», un des quartiers de la commune de Souk El Had, sont les plus pénalisés par la pénurie d'eau. «Cela fait 17 jours que nous n'avons pas vu une goutte d'eau couler de nos robinets», déplorent des habitants de cette cité, précisant qu'ils n'ont pas vécu, depuis longtemps, pareille crise. «Je me suis déplacé plus de six fois à l'ADE pour signaler ce problème, mais aucun agent ne s'est inquiété pour en déterminer l'origine», ajoute notre interlocuteur. A Béni Khalifa, le village le plus peuplé de la commune de Béni Amrane, les habitants du quartier Ait Aamer vivent une crise similaire depuis plus de 20 jours. Ils acheminent leur eau potable tous les trois jours à l'aide de jerricans et de brouettes depuis la fontaine de «Thala Imechmachen», distante de plusieurs kilomètres du quartier. Toujours dans le coté ouest de Béni Amrane, les habitants du village de Baraghlou vivent une crise similaire, tout au long de cet été, et s'approvisionnent en eau de la fontaine du village. Mais après son assèchement, il faut mettre encore la main à la poche pour s'approvisionner par citernes. A Ammal, les habitants de Tiza et de Bouaidel vivent également le même calvaire. Pour réclamer leur alimentation en eau, ils n'ont pas hésité dernièrement à occuper le siège de l'APC. Selon les responsables concernés (APC et ADE), la pénurie est due aux fréquentes coupures d'électricité qui mettent donc à chaque fois les moteurs de pompage à l'arrêt. Les villageois quant à eux pensent que le problème est lié uniquement à la mauvaise distribution et au manque d'entretien des canalisations défectueuses sur lesquelles l'on relève beaucoup de fuites dès que l'on mette l'eau en marche. «Depuis décembre dernier, l'eau ne cesse de couler abondamment au niveau de ces fuites, mais que les responsables concernés ne daignent pas procéder à leur réparation», avouent des témoins du quartier, précisant que tout le monde est au courant, et du problème et de la perte d'énormes quantités de cette denrée vitale ! Car, selon les mêmes habitants, l'entrepreneur chargé de réaliser la route menant vers la salle omnisports, sise sur le site des chalets, avait bel et bien prévenu, à la même époque (décembre 2010), les services techniques de la mairie et de l'ADE de la cassure des canalisations. Selon nos interlocuteurs, l'entrepreneur avait lui-même dénudé l'endroit exact de la fuite pour faciliter sa réparation et rétablir ainsi le réseau principal d'alimentation entre Souk El Had et Béni Amrane. Mais, comme la réparation demandait de grands moyens et que la «foire de l'huile d'olive» s'approchait (début janvier dernier), toutes les parties se sont mises d'accord pour cacher la fuite en rebouchant le trou et poursuivre les travaux d'extension de la route. Aujourd'hui le chantier n'a pas terminé de poser les dernières bordures de la voie que celle-ci commence à s'affaisser progressivement. D'où la colère des habitants devant tant de négligence. Il faut avouer aussi que la capacité de stockage des réservoirs disponibles est devenue insuffisante, en raison de l'évolution grandissante du nombre de la population. Le maire de Béni Amrane avait d'ailleurs reconnu cet état de fait et promis de réaliser un autre réservoir qui «triplerait le capacité de réserve». Son mandat touche à sa fin et le projet risque de ne jamais voir le jour.